Elle semblait une solution à un problème particulièrement douloureux : la chirurgie laparoscopique, qui permet de retirer du corps les tissus endommagés par l'endométriose, serait en réalité moins recommandable que prévu. Notamment aux patientes chez qui la condition - qui touche 1 femme sur 10 et se caractérise par "la présence en dehors de la cavité utérine de tissu semblable à la muqueuse utérine", décrit EndoFrance - aurait engendré d'autres complications de santé.
"Nous constatons que les patientes ne vont pas toujours mieux avec la chirurgie, et que celles qui y parviennent se sentent souvent mieux pendant une très courte période", alerte Andrew Horne, professeur de gynécologie et de sciences de la reproduction à l'université d'Édimbourg, auprès du Guardian. La solution, estime-t-il : traiter avec davantage de personnalisation, plutôt que d'approcher toutes les concernées avec les mêmes méthodes de soin.
Ainsi, le spécialiste considère indispensable d'agir en gardant en tête qu'il existe trois sortes d'endométriose : la forme péritonéale superficielle, la forme ovarienne kystique, et la forme profonde. Surtout, que l'intervention chirurgicale ne serait pas adaptée à toutes.
Voire dans certains des cas les plus fréquents (la forme péritonéale superficielle, qu'il affirme contractée par 80% des patientes), empirerait leur état. La faute, poursuit-il, au fait que les douleurs et les symptômes seraient moins liée aux tissus problématiques qu'à leur interaction avec le nerf du petit bassin. Nerfs qui peuvent devenir hypersensibles à cause des lésions liées à la maladies - qu'ils entourent ou qu'elles compriment - ou bien parce qu'ils auraient été endommagés lors d'une intervention chirurgicale
"Il existe de nombreux mécanismes différents qui peuvent causer la douleur dans l'endométriose, et les différents types de douleur répondront à différents types de traitement", atteste à son tour Katy Vincent, chercheure et professeure associée à l'université d'Oxford, spécialisée dans la douleur et l'endométriose, auprès du média britannique.
Comme le Dr Horne, l'experte appelle donc à soigner au cas par cas. "La chirurgie est un outil très important dans le traitement de l'endométriose - mais nous devons mieux comprendre quand et comment elle doit être utilisée dans le cadre d'un plan de traitement plus personnalisé", insiste-t-elle.
Et puis, elle attire l'attention sur les conséquences mentales de la condition, qui influent sur l'état général de la personne. "L'état psychologique qu'une patiente développe en vivant avec la maladie aggrave la douleur", décrit Katy Vincent. En cause, les douleurs chroniques qu'elle provoque, qui peuvent déclencher une anxiété sévère ou une dépression, qui finiront par aggraver les maux physiques.
Un diagnostic particulièrement complexe et précis qu'il demeure indispensable d'établir pour connaître l'origine de ces douleurs, et éviter absolument la répétition de procédures chirurgicales si celle-ci ne fonctionne pas la première fois, concluent-ils.
Pour ce faire, les spécialistes optent pour la multiplication et l'amélioration de scanners et d'IRM, moins invasifs. Mais un constat perdure : malgré la sensibilisation croissante autour du sujet, les moyens nécessaires continuent de manquer. Et comme dans de nombreuses situations, ce sont les femmes qui sont les premières victimes de cette absence de priorité.