"Non je ne suis pas enceinte et non je n'ai pas trop mangé", c'est ainsi que démarre le texte de Camille Aumont Carnel, créatrice de Je m'en bats le clito, un compte qui vise à libérer la parole autour de l'organe et de l'orgasme féminins, mais aussi du rapport des femmes à leur corps dans son intégralité. Cette fois-ci, c'est une autre parole qu'elle entend libérer : celle des personnes atteintes d'endométriose. Une condition qui touche une femme sur dix en France ("une femme sur dix qui a posé un diagnostic", insiste d'ailleurs l'activiste), mais qui souffre encore de trop peu de recherches et de connaissances médicales dédiées.
Elle poursuit au fil d'une légende qui accompagne une photo d'elle, allongée dans son canapé. "Ça c'est la tronche de mon bide pendant mes crises d'endo quand j'ai mes règles." Et décrit un quotidien douloureux. "S'accompagnent beaucoup de pleurs, de vomissements et d'évanouissements. C'est la semaine où je suis off et qu'il ne faut rien me demander parce que je suis en mode 'survie'. Le mode 'bouillotte- coussin-masturbation' est activé."
Le jeune femme s'adresse ensuite directement aux premier·e·s concerné·e·s, pour qui le diagnostic ne serait pas encore tombé (son retard est d'environ sept ans, et l'endométriose vient d'être ajouté au programme de deuxième cycle de médecine), et raconte son propre parcours.
"Au fond de toi, tu sais que quelque chose ne va pas, alors ne t'arrête pas aux premiers retours de gynécologues souvent pas formé·e·s et continue à consulter et à trouver des réponses. J'ai des règles hémorragiques qui me clouent au lit tous les mois [depuis] que j'ai 13 ans mais ça n'a jamais choqué personne. J'ai demandé des arrêts maladies tous les mois à mes médecins mais jamais la puce à l'oreille sur le fait que potentiellement il y avait un truc qui clochait." Et de lancer : "Ne souffre pas en silence".
Camille Aumont Carnel l'écrit : sa façon de mieux vivre avec la maladie, elle l'a construite au fil du temps, découvrant seule ce qui pouvait la soulager - physiquement comme mentalement. "J'ai appris à vivre avec la douleur et avec ce rythme plutôt que d'essayer de lutter contre certains aspects de cette maladie que tu ne maîtrises pas", explique-t-elle. "J'ai appris à m'écouter moi et a envoyer chier pas mal de personnes qui n'écoutaient pas et ne considéraient pas ma douleur. Mais c'est un luxe de pouvoir adapter son emploi du temps comme ça. J'ai même poussé l'expérience encore plus loin et j'adapte mon emploi du temps en fonction de mon cycle entier."
Pour elle, pas de doute : "C'est un parcours du combattant entre analyses et examens, des discours qui passent du coq à l'âne et beaucoup de 'ahhhh mais ça y est l'endométriose la maladie qui est à la mode aujourd'hui tout le monde pense que c'est ça dès qu'on a un peu mal.'".
L'instagrammeuse le rappelle : "Ce n'est pas normal de ne pas pouvoir faire ce que tu as l'habitude de faire quand tu as tes règles"." Et de conclure : "C'est indécent."
Ce témoignage puissant est vite devenu viral, avec plus de 15 000 likes en seulement deux jours. La preuve, s'il en fallait une, que la conversation autour de ce sujet trop longtemps tu et ignoré est d'une part émancipatrice, et surtout indispensable.