Camille a 22 ans et elle est la plume derrière Je m'en bats le clito, le compte Instagram aux 229 000 abonné·es qui parle aux femmes de ce qui leur fait du bien, de ce qui les complexe, de ce qui les agace. Une sorte de refuge digital où l'autrice sait trouver les mots justes pour décrire les situations du quotidien, et libérer la parole autour du sexe, principalement.
Le 6 juin, elle sortira le livre éponyme, préfacé par Noémie de Lattre, aux Éditions Kiwi. Un ouvrage qui "verbalise ce qui a été tu trop longtemps au nom de la bienséance, de la pudeur ou encore du body shaming dont les femmes sont aujourd'hui encore largement les cibles" nous explique-t-elle.
En attendant, elle alimente sa marque "éco-féministe" baptisée JMBLC qui s'adresse à la nouvelle génération lasse des stéréotypes de genres qui leur "pourrissent la vie", qui assume qui elle est et sa sexualité avec. Surtout, elle souhaite "redorer le blason du clitoris qui est, depuis bien trop longtemps, oublié et mal représenté", et reverse 1 € pour chaque commande à deux assos féministes.
Une vie à cent à l'heure qui lui laisse tout de même le temps de nous confier ses désirs, ses fantasmes ou encore son avis sur le porno garanti sans langue de bois.
Camille : Parce que s'il y a un bien un domaine et un endroit où personne ne nous dit ce qu'on doit faire et comment on doit le faire, c'est au lit. On nous explique comment on doit se tenir, à quel âge on doit avoir des enfants, comment on doit parler ou apprendre à la fermer, fais pas ci, fais pas ça !
Or dans le spectre du sexe, je décide ce que je fais (je vous rassure dans les autres aussi mais ce n'est pas si évident). Je décide de ce que je veux et comment et je n'ai pas peur d'être quelqu'un d'autre, de jouer un rôle au lit.
C. : Le plus accessible, c'est gratuit et disponible 7j/7j et 24h/24h : nos doigts ! Ça reste le plus instinctif à mon sens et il n'y a pas de question de piles, de chargeurs ou autre pour le coup. Je trouve aussi que les mains, c'est parfait : on peut exercer la pression souhaitée, atteindre les moindres recoins et varier les mouvements. On peut aussi bien utiliser la paume que les doigts ou juste leur extrémité. C'est une source d'idées perpétuelle.
Mis à part ce "sextoy" là, le jumping reste aussi une technique de masturbation top : pour beaucoup ça a été notre première technique sans même s'en rendre compte (ou alors on ne savait pas que ça avait un nom). Ce mot vient de l'anglais et désigne le fait de frotter les parties génitales contre un bout de couette, un coussin, un recoin de table (d.o.u.c.e.m.e.n.t), un doudou (désolée nounours...), mais aussi contre le corps de l'autre pour se donner du plaisir.
C. : Honnêtement, jusque là j'ai toujours fait partie de la team plutôt classique. C'est pas l'endroit, c'est la situation qui pourrait m'exciter. Un endroit où je sais que je peux me faire choper à n'importe quel moment. Genre dans une ruelle ou à un événement plutôt important et je reviens comme une fleur 20 minutes après.
C. : Le p'tit "Tu me rends ouf, je vais pas tenir longtemps !" n'a pas de prix.
C. : Je pense que j'aurais du mal à conseiller un porno féministe. Certains pornos de l'industrie mainstream ont une portée féministe dans le sens où le plaisir de l'homme est aussi important que le plaisir de la femme (dans le porno hétérosexuel).
Le jeu de séduction et de soumission est alterné sans aucun problème et surtout la femme n'est pas juste considérée comme un trou. Quand je pense à certains pornos amateurs, c'est exactement le cas. Chacun trouve son bonheur et je pense qu'on ne peut pas non plus blâmer les femmes qui trouvent leur compte dans un porno non qualifié de féministe.
Le vrai problème est qu'on a besoin de faire du porno féministe. Ce qui prouve bien que le porno est à la base plutôt machiste et sexiste. Le jour où le porno féministe, qui est pour l'instant payant, se retrouvera sur les mêmes plateformes que le porno mainstream (YouPorn, PornHub, XVideos...), c'est à ce moment là qu'on aura fait avancer les choses à mon sens.
Après, il est vrai que le porno féministe comme les films d'Erika Lust garantit, en plus, un traitement des actrices et des acteurs humain. Et c'est souvent le problème dans l'industrie du porno mainstream : les conditions de travail, la notion de respect, de limite et de consentement ne sont pas toujours leurs règles d'or.
Tant que nous abordons ce sujet, je pense qu'il faut qu'on parle du #pornforwomen. Ce hashtag qui moi me met en rogne à chaque fois que je le vois car le #pornformen lui, n'existe pas. Encore une fois le cliché est à son comble et on se retrouve avec une sélection de porno plutôt orientée très "érotique" ou à la limite de l'eau de rose. Certes certaines femmes adorent, d'autres non et sont très fans du hardcore ou des gangbang. Ce genre d'actions ne nous aident pas à sortir des clichés de princesses, paillettes et papillons.
Le film qui a un érotisme fou est Jamon Jamon réalisé par Bigas Luna, en 1992, avec Pénélope Cruz et Javier Bardem. Les scènes de sexe et de séduction sont juste oufs. J'ai chaud rien que d'y penser.
C. : Le regard de l'autre qui n'en peut plus, la tête qu'il peut faire lorsqu'il me découvre toute nue ou encore voir dans son regard à quel point je suis en train de le rendre dingue : c'est le truc qui me fait sentir puissante au lit sans aucun doute.
C. : Voyons Terrafemina, vous voulez dire *Vos fantasmes ultimes chez les célébrités !
J'ai la liste, donc s'il y a moyen de faire parvenir l'info à un de ces hommes, je suis dispo pour un verre. Trevor Noah, Javi Borrego, Jérôme Carlier, Jose Lamuno, Juan Yanes, Michael Cohen ou Guillaume Labbé.
C. : Oui je suis en faveur de l'orgasme ! Plus sérieusement, j'aimerais bien répondre non à cette question, d'ici quelques temps j'espère avoir évolué mais pour l'instant je suis quand même bien hétérosexuelle. Alors par contre je me laisse la possibilité d'essayer absolument ce que je veux, avec qui je veux et quand je veux. Mais bon, ça reste les hommes, je ne vais pas vous mentir.
C. : Oui et non. Dans le sens où la levrette n'est pas une position de "soumise" par définition. Toutes les positions peuvent être une forme de soumission si cela est souhaité. Tout est question de rôle et de volonté au lit. Et même si c'est le cas, il n'y a aucun mal à aimer ce côté soumission au lit : c'est aussi ça qui est bien avec le sexe, c'est qu'on peut être qui on veut et on peut passer de la nonne à la femme fatale en une fraction de seconde.
Je fais partie de la team soumise au lit mais pas dans la vie. Du genre impulsive, fort caractère et je ne me laisse absolument pas faire mais par contre j'ai un p'tit penchant pour les menottes et qu'on me tire les cheveux (que je n'ai pas d'ailleurs (rires)).
Plus sérieusement, vous voyez où je veux en venir, c'est cash mais il faut se débarrasser de ce "je suis au lit ce que je suis dans la vie". Cédons à nos désirs !
C. : L.A D.O.U.L.E.U.R. J'en ai un très bon souvenir même si je me souviens avoir eu très très mal. Je l'ai fait avec quelqu'un avec qui j'étais très bien et surtout j'en avais envie (la base avant tout). Je me souviens surtout d'avoir fait à peu près toutes les positions qu'il ne faut dans l'idée pas faire. À base de levrette ou encore moi sur lui : bref du Grand Camille en mode "Allez c'est parti, je m'en bats le clito !"
Bien évidemment il y a eu le briefing post-coït sur Skype groupé avec mes 4 meilleures amies en mode "Non mais vas-y raconte, je veux tout savoir, tous les détails : elle est grosse ? T'as eu mal ? Combien de temps ? Vous l'avez fait plusieurs fois ?" Etc, bref ; on connaît !