
Abrège sœur n'est plus. Il y a quelques jours, nous vous disions dans cet article que Isa, la créatrice de contenus derrière le compte Tiktok "Abrège sœur", avait témoigné des menaces de mort qu'elle subissait. Des menaces en réponse au fait que son compte se dédie à résumer des vidéos d'hommes ayant des propos sexistes ou misogynes.
Pour rappel, la jeune femme avait créé Abrège sœur en réaction au compte Tiktok d'Abrège Frère dont le succès s'est notamment bâti sur le fait d'abréger les vidéos publiées par des femmes, y compris lorsqu'elles témoignent des violences sexistes et sexuelles qu'elles ont subi. Une pratique pour laquelle le tiktokeur avait été recadré, comme nous vous le disions dans cet article.

Mais voilà, à peine deux semaines après sa création, alors que Abrège sœur rassemblait pas moins de 180.000 abonnés, le compte n'existe plus. Le 20 mars, sa créatrice a annoncé que son compte principal avait été banni puis débanni, son compte Spam "Abrège sœur 2", créé en réaction à la suppression du premier, banni également, avant de voir son nouveau compte principal de nouveau banni pour "usurpation d'identité".
"Depuis quelques jours, j'étais ciblée par des signalements en masse, cyberharcelée et j'en passe, a-t-elle écrit en story de son compte Instagram. Hier, mon live a sauté pour "exploitation sexuelle". Vous vous doutez bien, non je ne montrais pas mes parties intimes. Bref, ça laisse le goût amer de l'injustice, ainsi va la vie."
Après avoir remercié ses followers, regrettant la suppression de son compte, Abrège sœur a finalement changé d'avis et choisi de se battre pour faire exister son contenu. "C'est exactement ce qu'ils veulent, explique-t-elle. Si mon compte est ban, c'est qu'il dérange, donc je continue."

Sur Instagram, Isa a interpelé Tiktok France pour leur demander d'agir, pointant du doigt le fait que la plateforme contribue à favoriser le discours sexiste sur les réseaux sociaux. "Ils veulent me faire taire", dit-elle dans une vidéo publié sur son compte Instagram à propos de ceux qui la menaçaient sur les réseaux.
"Comment ça Abrège Frère il a 1,5 million d'abonnés en un mois parce que des hommes misogynes trouvaient drôle qu'on abrège des femmes ?, s'insurge-t-elle. Moi, je dénonce, je me fais ban en une semaine. Pas de souci. Si ça c'est pas la preuve qu'on vit dans une société misogyne et injuste envers les femmes, qu'on silencie les gens qui sont militants et engagés, c'est la preuve de quoi en fait ?"
Pour résister contre ce deux poids deux mesures qu'elle estime "injuste", Abrège sœur a fait appel au soutien de ses abonnés. Elle les appelle à "commenter, enregistrer, republier, partagez autour d'(eux)" sa publication. "Le combat continue", assure-t-elle.