Depuis quelques années, les messages véhiculés par nombreux récits dans lesquels figurent les princesses Disney - érigées en rôles-modèles pendant des décennies - sont remis en question. Sources d'un sexisme latent, d'une vision genrée de leurs capacités chez les enfants, d'un flou nocif sur la définition du consentement, Cendrillon, Ariel et La Belle au bois dormant font l'objet d'un audit anti-patriarcal bienvenu. Et le bilan n'avait - jusque-là - rien de réjouissant.
C'était pourtant sans compter sur les résultats d'une petite étude rapportée par le Wall Street Journal, et menée à long terme par Dre Sarah Coyne auprès d'enfants américain·e·s. La professeure de l'université de Brigham Young avait autrefois conclu à des effets négatifs provenant des mêmes histoires sur ses sujets, mais aujourd'hui, tout semble avoir changé. Pourquoi ? Selon elle, cela viendrait du temps de l'observation. Les effets à plus long terme de la "culture des princesses" ne seraient ainsi pas si mauvais.
"En tant que psychologue du développement, je suis intéressée par l'observation des choses dans le temps", affirme-t-elle en ce sens. "Ce qui est fascinant, c'est que la culture des princesses comporte des éléments vraiment profonds et magnifiques sur la féminité et les relations. Si nous parvenons à nous y raccrocher, cela peut être véritablement bénéfique pour l'humanité." Et surtout, impacter positivement aussi bien les petites filles qui les petits garçons.
Si de nouvelles héroïnes comme Mérida de Rebelle ou Vaiana de Vaiana, la Légende du bout du monde émergent de plus en plus des studios Disney, incarnant des personnalités fouillées, fortes, plurielles qui s'éloignent enfin de l'éternel axe de "demoiselle en détresse", il est essentiel de ne pas crier victoire trop vite.
"Il n'est pas certain qu'à long terme, la culture des princesses soit bénéfique pour les filles", nuance Rebecca Hains, professeure de médias et de communication à la Salem State University et autrice de The Princess Problem : Guiding Our Girls Through the Princess-Obsessed Years, dans une interview pour SheKnows. L'experte cite certaines limites de l'étude qui ne permettent pas d'appliquer les résultats à une population plus large : notamment la petite taille de l'échantillon, le fait que 87 % des enfants étaient blancs et qu'ils étaient tous originaires de l'Utah et de l'Oregon.
Ce que continuer de visionner ces classiques avec les plus jeunes générations permet, en revanche, c'est d'entamer ensemble une discussion éclairée sur les clichés et les pressions sociales qu'ils prônent plus ou moins frontalement. De leur inculquer un esprit critique nécessaire, et de les aider à retirer le positif qui y existe malgré tout. La route est longue, autant s'y mettre dès maintenant.