"Je suis une enfant en guerre", lance Ralyn Satidtanasarn, surnommée Lilly, à l'AFP. Sur ces mots glaçants, la jeune fille américano-thaïlandaise de 12 ans aborde la bataille qu'elle a décidé de mener contre un fléau planétaire qui sévit particulièrement en Thaïlande : le plastique. Sixième contributeur mondial à la pollution des océans, le pays est également auteur d'une consommation de sacs en plastique estimée à 8 par personne et par jour en moyenne, d'après les données du gouvernement. Soit 3000 par an par habitant·e et douze fois plus que dans l'Union Européenne. Un chiffre catastrophique et très alarmant. Et qui motive Lilly à se battre au quotidien.
Le déclic, elle l'a eu il y a quatre ans, lors d'un voyage avec ses parents (dont sa mère, ancienne militante écologiste) au bord de l'eau, dans le sud du pays. Sur la plage, elle est particulièrement touchée et choquée par les centaines de déchets qu'elle trouve abandonnés. Elle décide de ramasser ce qu'elle peut pour les mettre à la poubelle. Et son geste se poursuit encore aujourd'hui. "Au début, je me trouvais trop jeune pour militer, mais Greta (Thunberg) m'a donné confiance. Quand les adultes ne font rien, c'est à nous les enfants d'agir".
Lilly a d'abord tenté d'ouvrir le débat auprès du gouvernement. Elle a même organisé un sit-in devant son siège et demandé à rencontrer le Premier ministre Prayut Chan-O-Cha. Sans succès. Elle ne s'est pas découragée pour autant, décidant d'attaquer le problème à la source : les distributeurs de l'objet problématique. "Je me suis dit que si le gouvernement ne m'écoutait pas, il faudrait parler directement à ceux qui distribuent des sacs en plastique et les convaincre d'arrêter."
C'est ainsi qu'elle réussit à convaincre Central, une grande chaîne de supermarchés de Bangkok, de stopper sa distribution de sacs en plastique aux caisses des magasins une fois par semaine. Dans la foulée, 7-Eleven (le Franprix local présent à chaque coin de rue) annonce qu'il cessera lui aussi d'en donner dès janvier 2020. "Ça avance dans la bonne direction", assure-t-elle, ravie.
A ses côtés, sa mère l'encourage et l'aide dans ses démarches ainsi que dans la rédaction de ses discours. Elle-même avoue être épatée par l'engagement de sa fille : "Au début, j'ai cru à une lubie d'enfant. Mais elle s'est accrochée", confie-t-elle. "Sa force est d'être une petite fille sans intérêt privé à défendre". L'adolescente avoue que même si parfois elle a "envie de s'arrêter pour aller jouer", elle préfère néanmoins se rendre dans des endroits clés de la région avec l'association Trash Hero pour participer à leurs sessions de nettoyage.
Si la route est encore longue, l'implication de Lilly marque. "Il est très difficile d'ignorer un enfant lorsqu'il demande pourquoi nous détruisons la planète sur laquelle il doit vivre", souligne Kakuko Nagatani-Yoshida, du Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE). Espérons que les adultes prennent rapidement exemple sur la jeunesse.