Eric Zemmour s'est fréquemment illustré par ses diatribes racistes, islamophobes et homophobes. En 2018, il qualifiait notamment le prénom de la journaliste Hapsatou Sy d'"insulte à la France". Une injure qui lui a valu une plainte de cette dernière, et un renvoi en correctionnelle en octobre dernier. Un mois auparavant, en septembre 2020, il écopait d'une amende de 10 000 pour provocation à la haine, suite à une violente déclaration sur l'islam. Et puis, il y a les propos sur la communauté LGBT, que Laurent Ruquier a tenu à adresser dans son émission On est en direct, ce 11 septembre.
Le présentateur citait, indigné, le livre du polémiste qui pourrait être candidat à l'élection présidentielle de 2022, intitulé La France n'a pas dit son dernier mot (ed. Rubempré). Dans ce passage, Eric Zemour mentionne le tournage d'un numéro d'On n'est pas couché, un soir de 2014 où l'actrice Anne Dorval était présente.
"Elle était accompagnée de son metteur en scène (Xavier Dolan, ndlr), un jeune éphèbe au regard tourmenté qui, si j'en croyais le portrait élogieux qu'en fit Ruquier, avait du génie du seul fait qu'il était gay", ose l'ex-chroniqueur de CNews. Ruquier lâche : "c'est-à-dire que j'inviterais un réalisateur sur ce plateau du seul fait qu'il soit gay ?".
Il ajoute : "Je vous jure Eric, cela me déçoit beaucoup de lire des choses comme ça. Vous savez, il y a des hétéros qui font des très bons films, et des hétéros qui font des très mauvais films, et c'est pareil pour les homos. Tous les homos ne se ressemblent pas. Tous les musulmans ne se ressemblent pas, toutes les femmes ne se ressemblent pas, Eric Zemmour". Et de lancer : "Quand on vous écoute on a envie de l'être un peu plus (militant, ndlr) ça c'est sûr".
Justement, les femmes. Là aussi, Eric Zemmour semble avoir beaucoup de choses à dire. Ou plutôt, à haïr.
Cette fois, c'est Léa Salamé qui confronte l'invité. Elle cite les propos, images à l'appui, qu'il a tenus par le passé et continue de déblatérer. Florilège : "Les femmes n'incarnent pas le pouvoir". "Le pouvoir doit rester dans les mains des hommes sinon il s'évapore". Ou encore, une justification insupportable des violences sexuelles, qu'il formulait ainsi quelques années auparavant : "C'est la virilité humiliée et niée qui donnera une virilité violente et barbare".
Sur le plateau, Eric Zemmour (qui, rappelons-le, est visé par des accusations de harcèlement et de violences sexuelles) s'ancre plus encore dans une misogynie maladive : "Quand je dis que le pouvoir s'évapore, c'est quand elles arrivent au pluriel. A partir du moment où il y a des secteurs où les femmes sont en majorité, il y a quelque chose qui se passe, le métier est déconsidéré. Il y a un rapport compliqué." Et de citer les profs, les magistrats... Léa Salamé s'indigne, à son tour, devant de telles analyses. Mais Zemmour n'en démord pas. Pour lui, si la journaliste l'attaque, c'est qu'elle ne "comprend pas" ce qu'il veut dire. Pourtant, c'est bien le cas.
Léa Salamé, comme beaucoup de celles et ceux qui ont assisté au discours haineux du potentiel candidat à la présidentielle (rien n'est encore officiel, même s'il a affirmé ne pas "en avoir peur"), ont bien compris le mépris de l'auteur du Premier sexe pour les femmes et la position subalterne dans laquelle il veut fermement les maintenir.
Et à quelques mois d'un premier tour qui s'annonce tourmenté, dans une société qui peine à se dépêtrer d'un sexisme insidieux, il est essentiel d'en être conscient·e. Pour justement réaliser l'urgence à l'incarner, ce pouvoir. A s'organiser pour le saisir sans attendre, et enfin sortir d'un patriarcat oppressif, d'une masculinité toxique omniprésente, d'un entre-soi nauséabond, et de tous les fléaux que semble profondément chérir le polémiste.