Des femmes qui restent globalement sous-représentées par rapport aux hommes, des représentations qui demeurent éminemment stéréotypées, des contenus qui présentent des corps féminins objectifiés et sexualisés... Les constats qui ressortent de la nouvelle étude de la Fondation des Femmes, portant sur les 200 contenus les plus visionnés sur YouTube, en France, en 2019 et 2020, ne prêtent guère à sourire. La plateforme de vidéos la plus consultée par la jeune audience (celle des 15-20 ans) ne serait vraiment pas exempte de sexisme.
Menée en collaboration avec Sciences Po Paris, cette étude s'attarde sur les clips vidéo, puisqu'ils demeurent en 2019 et 2020 les vidéos les plus attractives sur Youtube (représentant 73,7 % des visionnages globaux). Selon la Fondation, les clips les plus populaires mettent rarement en scène des femmes en tant que protagonistes. Les stéréotypes masculins, ceux de 'l'hyper-viril", du "protecteur" et du "macho", y sont légion. Les figures féminines, elles, y sont majoritairement des "sentimentales", des "poupées", des "séductrices" ou encore des "vénales".
Voilà qui promet. Et ce n'est pas tout.
Parmi les 200 contenus audiovisuels étudiés par la Fondation des Femmes, 15,2% des séquences contenaient des propos à connotation sexuelle. Dans plus de 20% des vidéos, les personnages féminins sont sexualisés, notamment par le prisme de jeux de caméra et de poses lascives (pour 31% des contenus). Autant de procédés "qui renforcent le stéréotype de la femme-objet".
Dans ces vidéos populaires, c'est donc la séduction qui caractérise les relations entre les hommes et les femmes. Et il n'est pas rare d'y entendre des insultes sexistes et des propos misogynes, violences parmi "les plus courantes" au sein de ces contenus étudiés.
"Dans une certaine séquence vidéo, le chanteur insiste sur l'objectification des corps féminins. Les propos tenus 'bonne', 'je vais te démonter', 'j'te baise' illustrent cette dimension de violence sexiste et sexuelle", dénonce le rapport. En bref, ces contenus présentent une image dégradante des femmes, image qui serait par ailleurs "en hausse". En deux ans, les contenus vidéos présentant une image dégradante des femmes seraient effectivement passées de 15,5% à 34,7%, selon la Fondation des Femmes. Une dégradation qui prend de multiples formes.
"La dégradation la plus commune est l'image dévalorisante des femmes, la présence de rôles secondaires féminins esthétiques ou inactifs avec des femmes objectifiées. L'image de mépris passe par des rôles genrés stéréotypés, une subordination des femmes aux hommes ou encore des propos à caractère sexuel ou sexiste", développe le rapport. Le sexisme présente donc bien des visages sur YouTube. Tant et si bien que ce rapport propose des solutions, comme la mise en place d'une "charte de bonne conduite" afin de mieux régulariser ces contenus.
Sans grande surprise, ces états des lieux font écho à une autre étude : celle du Haut Conseil à l'Egalité, passant au crible la représentation des genres au sein des émissions de télé-réalité . Des contenus valorisant la "culture de la virilité" (compétition, clash, rapports de domination, rivalité) et les stéréotypes sexistes (les femmes y sont des "bimbos" stéréotypées, emblèmes d'une "hyperféminité" caricaturale).
Clips vidéo et télé-réalité, même combat ? La question se pose sur YouTube, plateforme pop où se déploierait un "sexisme en liberté", comme l'énonce le titre de cette étude accablante.