Tout est parti d'un tweet particulièrement nauséabond. « Il faut violer cette conne de Rokaya, comme ça, fini le racisme », tel est le message reçu par Rokhaya Diallo un soir de juin 2013. Un an jour pour jour après cet appel public au viol, France 3 Paris Ile-de-France diffuse « Les Réseaux de la haine », un documentaire dans lequel la victime de cette attaque - accessoirement chroniqueuse sur « La Matinale » de Canal+, animatrice radio sur Le Mouv et militante anti-racisme au sein de l'association Les Indivisibles - se met en scène pour tenter de comprendre les leviers de la xénophobie sur Internet.
Et pour cause, la jeune femme de 36 ans en est une utilisatrice assidue. « J'utilise beaucoup les réseaux sociaux. Ça me permet de lancer des discussions autour de sujets qui me tiennent à cœur comme le racisme ordinaire. J'apprécie particulièrement Twitter où chacun peut prendre la parole en postant des messages courts et accessibles à tous », explique-t-elle en effet dans les premières minutes du film qu'elle a réalisé avec Mélanie Gallard. Et de poursuivre : « Mes prises de position me valent régulièrement des commentaires hostiles. Des propos plus ou moins agressifs auxquels j'ai pris l'habitude de ne plus répondre ». Une ligne de conduite qu'elle abandonnera finalement devant la violence du tweet du 15 juin 2013. « J'ai décidé d'enquêter et de faire un documentaire qui raconte à la fois mon histoire et qui essaye de comprendre les personnes confrontées à la violence en ligne », explique-t-elle.
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Pour mener à bien son projet, Rokhaya Diallo a pu compter sur le soutien de Mélissa Theuriau, productrice du documentaire. Devant les caméras de France 3 Île-de-France, la journaliste a d'ailleurs détaillé ses motivations ; ne tarissant pas d'éloges sur Rokhaya Diallo dont elle « admire les implications et les prises de position ». Mais c'est surtout le sujet qui a convaincu l'ancienne présentatrice de « Zone Interdite » de se lancer dans cette aventure. « On s'était rencontré pour d'autres projets communs. Lorsqu'elle m'a parlé de ce tweet qu'elle avait reçu, qui lui était directement adressé et d'une extrême violence, j'ai trouvé formidable l'idée d'utiliser son parcours et ce combat pour lever l'identité de son agresseur, faire un état des lieux aujourd'hui sur le Web, mais aussi comprendre comment autant de violence pouvait se propager de façon aussi fréquente », détaille-t-elle. Elle-même régulièrement visée par des attaques racistes en raison de son mariage avec l'humoriste Djamel Debbouze, Mélissa Theuriau regrette le climat délétère qui règne dans le pays. « Il y a du racisme en France. Il y en a beaucoup trop et ce n'est pas logique ni en 2014 ni dans le pays dans lequel on vit. Tous ces relents nauséabonds auxquels on assiste trop souvent ce n'est évidemment pas normal », dénonce-t-elle, avant de conclure sur une note encourageante : « Il faut continuer à lutter. Je suis optimiste sur l'avenir et sur le mieux vivre ensemble, les uns avec les autres ».