Le 6 février, c'est la Journée internationale de tolérance zéro à l'égard des mutilations génitales féminines (MGF), instaurée par l'Assemblée générale des Nations Unies en 2012. Vingt-quatre heures pour alerter sur ce fléau, et éradiquer ces pratiques partout où elles sont encore d'actualité : dans 30 pays d'Afrique et du Moyen-Orient, détaille l'ONG, mais aussi "dans certains pays d'Asie et d'Amérique latine, ainsi que parmi les populations immigrées vivant en Europe occidentale, en Amérique du Nord, en Australie et en Nouvelle-Zélande".
Les MGF concernent toutes les interventions consistant à "altérer ou à léser les organes génitaux de la femme pour des raisons non médicales", précise l'organisation. Au niveau international, elles sont considérées comme étant "une violation des droits humains des femmes et des filles, notamment de leurs droits à la santé, à la sécurité et à l'intégrité physique, ainsi que de leur droit à la vie lorsque ces pratiques ont des conséquences mortelles."
Pour cause, leurs victimes subissent des conséquences à court (douleurs intenses, saignements, infections, difficultés à uriner) et long termes (sur leur santé sexuelle, reproductive et mentale) dramatiques. Un "problème universel", martèle encore l'ONU, qu'il est indispensable d'adresser et d'éliminer. Et le récit d'Angela, jeune Ougandaise de 11 ans, ne fait que le prouver.
Angela vit en Ouganda, un pays d'Afrique de l'Est, dans une zone rurale "coupée du monde extérieur", décrit l'UNICEF dans un texte qui livre son parcours. Avec ses camarades de classe, elles abordent des sujets "très graves". Notamment, l'excision. Une intervention extrêmement dangereuse pour la santé des filles et des femmes, généralement pratiquée entre 11 et 15 ans.
"J'ai entendu dire qu'il fallait être excisée pour être considérée comme une femme, alors avec mes amies nous avons acheté des lames de rasoirs", confie Angela. "Puis nous avons recherché un 'chirurgien' et en avons trouvé un de l'autre côté de la frontière, au Kenya".
Si en Ouganda, les mutilations génitales féminines sont interdites depuis une loi de 2010, ce n'est pas le cas au Kenya, pays limitrophe. L'UNICEF estime ainsi à 72 % le nombre d'Ougandais·e·s s'y rendant pour se faire exciser. Un chiffre terrible, qui témoigne de l'urgence d'une tradition profondément ancrée dans certaines société.
L'écolière et ses amies ont été interpellées avant qu'il ne soit trop tard. "Les autorités locales nous ont demandé de remettre les lames de rasoir que nous avions achetées", raconte encore Angela. "Nous avons été ensuite emmenés à Nauma, à la frontière avant de rentrer en Ouganda".
Aujourd'hui, elles ont été accueillies à Kalas, une école primaire pour filles dans le district d'Amudat, à l'est de l'Ouganda, poursuit l'agence des Nations Unies. "Je me sens en sécurité dans cette école et je prends conscience de choses. A l'école, on nous sensibilise, on nous raconte les histoires de filles ayant subi des mutilations génitales. Nous savons désormais que ces pratiques sont dangereuses. Tout cela m'a donné envie d'être infirmière en aide aux autres".
Grâce à un programme conjoint entre l'UNICEF et l'agence directrice des Nations Unies en charge des questions de santé sexuelle et reproductive (UNFPA), 25 jeunes filles ont pu être arrachées à un mariage précoce ou à une forme de mutilation génitale en 2020 dans la région.
D'ici 2030, l'ONU espère pouvoir pouvoir éliminer complètement cette pratique millénaire. Avec la crise sanitaire du Covid cependant, les objectifs sont compromis, et 2 millions de cas supplémentaires de MGF devront être évités. En Somalie par exemple, les excisions ont augmenté sur les fillettes pendant le confinement. Un constat glaçant qui appelle à une action collective immédiate.
"Le temps de l'inaction mondiale est révolu", lance en ce sens l'ONG. "Unissons-nous, Finançons, Agissons pour mettre fin aux mutilations génitales féminines". Et relayons cette réalité sans relâche.