Ce n'est pas parce que la pandémie nous éloigne des musées qu'on ne peut pas se faufiler dans les galeries. Sur Instagram notamment, de plus en plus de peintres épinglent leurs toiles, pour le plus grand bonheur des esthètes. Et notamment les femmes artistes, qui se plaisent à explorer les Beaux-arts pour mieux en redéfinir les codes.
De toute nationalité et âge, brossant chacune à grands coups de pinceaux un univers singulier qui n'appartient qu'à elles, ces peintresses interrogent aussi bien la représentation des corps et de la beauté que la force contemplative des toiles - et leur puissance toute poétique. La preuve en sept comptes à même de nous faire voyager.
Tous les artistes traînent derrière eux un leitmotiv. Chez Natacha Paschal, c'est le rouge à lèvres qui fait office de signature sanguine. Réapproprié comme une gouache, le maquillage ponctue la majorité des toiles de cette peintresse parisienne pas comme les autres, qui s'amuse notamment à détourner l'imaginaire des magazines féminins en proposant ses propres représentations, profondément inclusives, transgressives, atypiques.
Diktats de beauté et normes physiques sont dépoussiérés à grands coups de pinceaux dans cette galerie de portraits audacieux et stylés. Comme les mille et uns visages d'un glamour renouvelé. Des oeuvres volontiers croisées dans les pages de magazines comme Grazia, et que l'on se plaît à (re)découvrir sur Insta.
A retrouver ici.
D'un côté, une mélancolie diffuse, hypnotique, et de l'autre, une quête d'ailleurs, symbolisée par des lignes de fuite, des signes floraux, animaliers et aquatiques qui font rêver. Les portraits que propose Léa Augereau sur Instagram sont autant des voyages émotionnels que des esquisses militantes, valorisant des modèles racisés.
D'où ce contraste fascinant entre la modernité de la démarche artistique et quelque chose de plus sauvage, émanant des paysages édéniques brossés par le pinceau. Des évocations qui donnent des envies d'évasion en plein confinement, la chaleur des couleurs, multiples, y étant pour beaucoup. On s'y perdrait volontiers.
A retrouver ici.
Les peintures acryliques de la dessinatrice et peintresse française Elisa Marraudino portent en elles quelque chose d'ovniesque. Les créatures que la jeune femme de 22 ans esquisse proviennent d'autres planètes et ont la galaxie comme terrain de jeu. Son monde visuel oscille entre le pop acidulé, la science-fiction et l'ultra expressivité du comic-book.
Croquis, peintures et dessins en tout genre abondent dans ce portfolio au style libre et plein d'élasticité. Pour preuve, ces toiles évoquant aussi bien l'art du manga que les visuels psychédéliques et colorés des années soixante-dix, ou encore cette représentation bien badass contre la censure et la sexualisation des seins. Ca claque.
A retrouver ici.
Si ce nom vous est familier, c'est normal : Hélène Delmaire n'est autre que la femme de l'ombre de l'éblouissant Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma. Autrement dit, on doit à l'artiste française les tableaux qui ponctuent ce grand oublié des César, et notamment les représentations pleines de justesse d'Adèle Haenel - jeune fille flamboyante du titre.
Par-delà ces oeuvres romantiques et fiévreuses, c'est sur Instagram et auprès de ses 80 000 followers que la créatrice perpétue sa vision de la féminité, ouvertement poétique, sensible et sensuelle. C'est aussi un parfum de mystère qui imprègne ces toiles troublantes au possible, évocations insaisissables où visages et yeux semblent se noyer dans des vagues de couleurs et des songes envahissants. Entre le rêve et le cauchemar.
A retrouver ici.
Sur Instagram, cette peintresse australienne (encore trop peu suivie) explore et décline l'exercice codifié du nu féminin. Les corps qu'elle immortalise au gré de ses publications sont saisis comme des esquisses pures, à grands coups de traits précis et cinglants, de silhouettes aux contours ciselés et épurés. Une esthétique subtile.
Par-delà ces visions atypiques de la nudité, ce sont les expressions du visages qui captivent. Des faces qui confinent volontiers à l'abstraction, des regards lointains, des mines défaites, contrariées, déroutantes par leur minimalisme audacieux. On se plaît à contempler ces spectacles profondément intimistes.
A retrouver ici.
Certaines magnifient les jeunes filles en feu, et d'autres les ondées poétiques des univers aquatiques. C'est sous le signe des océans et de la mer que se déploie effectivement l'art de l'artiste peintre d'origine irlandaise Marie-Claire Keague. "Je m'inspire chaque jour de la nature et de sa couleur - c'est une ressource illimitée !", détaille sur son site cette exploratrice du bleu et de ses variations.
Cette "ressource" se décline volontiers au fil de tableaux introspectifs où s'alignent couchers de soleil romantiques et flots vivaces, tour à tour tumultueux et apaisés. Ciels et océans constituent la cartographie de la peintresse, expérimentant matières et textures au nom d'un même motif, particulièrement apaisant. On aime.
A retrouver ici.
On ne se lasse pas des panoramas fantasques de cette artiste polonaise, exposant régulièrement depuis huit ans, quand elle n'épingle pas directement ses toiles sur Insta. Ses créations déploient un imaginaire fertile, fait de champs et d'horizons lointains, d'arbres en fleurs impériaux, de couleurs bleutées et rosâtres évanescentes.
On aime à scruter ces images comme on le ferait d'un plan d'Hayao Miyazaki. Méditatives, ces impressions de paysages ravissent par leur dimension vaporeuse, leurs nuances discrètes et leur charme tout printanier. A l'image du Robin Williams de Au-delà des rêves, on souhaiterait tant plonger dans ces tableaux, et y vivre.
A retrouver ici.