Elles sont de retour et elles ne sont pas contentes. Et on les comprend, la saison 5 de Game of Thones n'ayant pas franchement épargné les héroïnes du redoutable jeu d'échecs créé par George R. R. Martin. Car tel est le paradoxe de la série : dessiner des figures féminines fortes, stratèges, futées et ultra-couillues (Daenerys a définitivement intégré le panthéon de la badasserie pop) tout en les rudoyant à intervalles réguliers à coups de scènes d'une brutalité inouïe. Dans un monde où cisailler des doigts, trancher des gorges ou couper des pénis fait partie du train-train quotidien, les femmes en prennent (elles aussi) plein la tronche. Mais ces dures à cuire parvenaient jusqu'à présent à garder le contrôle de leur destinée, se dépatouillant avec finesse et jugeote dans ce monde de bourrins.
Au fil des saisons, les femmes multidimentionnelles de GoT ont gagné en puissance, tant sur le plan physique que psychologique. En vrac, on a pu ainsi contempler la classieuse Brienne mettre des raclées à Jaime (et aux autres), la petite-mais-costaud Arya trucider les méchants un à un, Melisandre tenir Stannis Baratheon par la barbichette, Daenerys, la mère des motherfucking dragons, jouir de ses loyaux toy-boys et libérer des esclaves, la féroce Cersei écrabouiller ses frangins sans sourciller ou encore Margaery se glisser dans le lit du roi pour mieux le contrôler. Souvent traitées comme des objets sexuels (coucou les déballages gratuits de boobs), elles ont appris à se servir de leur sexualité comme d'une arme et à rendre les coups au centuple.
Pourtant, la saison 5 a sensiblement changé la donne, poussant le curseur toujours plus loin avec des scènes dont la violence graphique (la "Walk of shame" de Cersei) ou suggérée (le viol de Sansa et le bûcher de Shireen) a marqué les esprits au fer rouge. Et les conquérantes y ont été réduites à l'impuissance : Sansa retenue prisonnière d'un mari frappadingue, Cersei humiliée par ses sujets, Margaery martyrisée dans une geôle, Daenerys bousculée par des fanatiques masqués puis capturée. Quant à Arya, elle a passé la quasi-totalité des épisodes à laver les pieds de gens morts et à vendre des palourdes tandis que Brienne faisait du camping devant un château. Oui, la saison 5 a bel et bien coupé les ailes de nos héroïnes jadis affranchies. Mais ça, c'était avant. Car promis juré craché, la saison 6, débutée ce 24 avril, devrait redonner la main aux filles.
La déclaration du responsable de la programmation de la chaîne HBO, Michael Lombardo, sonne comme une profession de foi. Il l'assure : les femmes seront au coeur de ces nouveaux épisodes. "Les femmes secouent et elles mènent cette saison. C'est la base de l'histoire, mais aussi un changement radical. Les femmes représentent l'espoir". Mais attention, ces arcs narratifs n'auraient rien à voir avec les nombreuses critiques émises l'an dernier (on a un doute) : "Je peux vous dire qu'aucun mot du scénario n'a été changé cette saison à cause de ce que les gens ont pu dire sur internet ou ailleurs", renchérit son acolyte Dan Weiss.
Après visionnage de l'épisode 1, on a envie de croire à ce nouvel essor. Attention spoilers : Brienne vient de prêter allégeance à Sansa, qui elle-même vient de se libérer de l'emprise de son sadique de mari, Daenerys a mis un gros vent à son ravisseur Dothraki. Et surtout, la vénéneuse Melisandre pourrait devenir l'un des personnages-clés, dissimulant décidément bien des secrets sous sa robe rouge.
Ces belles héroïnes fêlées mais jamais brisées affûtent leurs lames, réseautent utile, échauffent leurs dragons et s'apprêtent à tout péter, à commencer par la vilaine trombine de ceux qui les ont offensées. Et gare aux fesses de ceux qui les ont prises pour des greluches. L'hiver arrive, la grande bataille approche (dans 20 à 25 épisodes max) et cette poignée de "dames du Trône" super remontées est prête à en découdre. Non mais.