Gisèle Halimi s'est éteinte le 28 juillet 2020 à l'âge de 93 ans, mais son héritage perdure. Et son mantra, aussi : ne jamais baisser la garde. Des décennies durant, l'avocate et femme politique franco-tunisienne s'est battue pour les droits des femmes et des minorités. Parmi ses plus fameuses luttes, le procès de Bobigny en 1972, où la femme de loi défendait Marie-Claire, une jeune adolescente qui, victime d'un viol, avait décidé de se faire avorter. La jeune femme sera finalement relaxée.
Combat pour la reconnaissance du droit à l'avortement (elle apposera sa signature au "Manifeste des 343" publié dans le Nouvel Observateur), du viol en tant que crime, contre le victim-blaming, la lesbophobie, l'usage de la torture par l'armée française durant la Guerre d'Algérie, les inégalités professionnelles... On pourrait poursuivre longtemps ce récit d'une vie et d'une carrière consacrée aux voix les moins médiatisées.
Et c'est justement pour le raviver - ce récit - que de nombreuses voix féminines et féministes réclament aujourd'hui l'entrée de Gisèle Halimi au Panthéon. Une pétition a été mise en ligne sur Change.org.
Comme instigatrice de cette pétition qui a déjà récolté plus de 1 200 signatures, une association féministe : la bien nommée Choisir la cause des femmes, créée par l'avocate et par Simone de Beauvoir, l'iconique autrice du Deuxième Sexe. La cause des femmes est aussi le titre d'un ouvrage de Gisèle Halimi paru en 1974.
"Gisèle Halimi s'est engagée dans les causes qui ont façonné le XXe siècle. Elle a très tôt manifesté son admiration pour les valeurs de la République et sa volonté d'en connaître toute la culture. Sa découverte du racisme et de l'antisémitisme dans le territoire hexagonal lui fit prendre conscience du caractère indigne de la colonisation et de l'impérieuse nécessité de rendre à la France la cohérence de sa devise 'Liberté, Egalité, Fraternité' à laquelle elle ajoutait la sororité", détaille une tribune voisine de cette pétition, mise en ligne sur Libération.
Dans ce texte nous est rappelé le combat de l'avocate au service "des opprimé·e·s ou des oublié·e·s de la République : les peuples colonisés, les pauvres, les femmes", en faveur d'une émancipation globale, démocratique et juste. Une figure historique "questionnant la loi, provoquant le débat", qu'elle défende la cause des femmes, la dépénalisation de l'homosexualité ou encore la parité. "Oratrice hors pair, femme de lettres et de culture, femme politique, avocate et féministe, elle a incarné les idéaux essentiels de notre République", lit-on encore.
Il y a donc bien des raisons de faire entrer Gisèle Halimi au Panthéon. En commentaires de cette pétition destinée à Emmanuel Macron, les paroles enthousiastes abondent d'autant plus : "Je signe pour l'importance des combats de Gisèle Halimi pour l'humanité", "Les femmes sont scandaleusement sous-représentées au Panthéon. Gisèle Halimi a eu un rôle essentiel dans les prises de conscience et l'avancée des droits des femmes", "L'entrée de Gisèle Hailimi au Panthéon est légitime puisqu'elle s'est fait le porte-voix et a oeuvré pour les femmes, cette autre moitié de la Nation injustement pénalisée depuis des siècles".
Une ambition qui semble faire l'unanimité.