8 700. Voilà l'impressionnant nombre de messages privés (ou "DM") haineux contre lesquels n'auraient pas agi les modérateurs d'Instagram, et ce malgré les signalements systématiques des victimes et utilisatrices du réseau social concernées. Des utilisatrices pourtant très influentes et connues, puisque l'on compte notamment parmi elles la célèbre comédienne Amber Heard (Never Back Down, Justice League, Aquaman).
C'est tout du moins ce qu'avance une nouvelle et plutôt alarmante étude du Center for Countering Digital Hate, autrement dit le Centre de lutte contre la haine numérique, mise en ligne par le Washington Post et relayée par le pureplayer Slate.fr . Spécialisé dans la lutte contre le cyberharcèlement, le Centre dénonce l'inaction d'Insta dans ces cas de cyberharcèlement massif : le réseau social n'aurait pas agi dans 90% des cas.
Une observation très critique.
Plus encore que d'une simple inaction, le Center for Countering Digital Hate parle carrément d'une "épidémie de harcèlement misogyne" émanant d'un "repaire de haine" que serait la messagerie privée d'Insta. Concrètement, neuf signalements sur dix ayant trait à des messages privés (ou DM pour les intimes) ouvertement haineux et misogynes sont restés sans réponse de la part des modérateurs de la plateforme sociale pop.
"Alors que la violence sexiste publique sur les plateformes numériques est courante, les messages privés sont moins surveillés", déplore le Centre, qui voit là la porte ouverte au cyberharcèlement le plus insidieux. Vers une impunité des harceleurs en ligne ? Le Center for Countering Digital Hate le craint sérieusement.
"Des menaces peuvent être envoyées par des inconnus à tout moment et en grand nombre. Et les plateformes ne font rien pour arrêter cela", affirme encore l'association de prévention. Au sein du secteur responsable de la sécurité des femmes sur Instagram, on assure à l'unisson que "le harcèlement des femmes est inacceptable" et qu'Instagram compte déployer "des protections plus fortes pour les personnalités publiques féminines".
Plus encore, développe le WaPo, des fonctions d'Instagram permettent (modérément) de faire face, comme le blocage évidemment, mais également l'option "mots filtrés" (permettant de bloquer des termes choisis), ou encore le paramètre permettant de ne recevoir des messages vocaux que de la part des comptes dont la demande de follow a déjà été acceptée (car oui, les messages vocaux sont aussi source de haine misogyne)... Cependant, le filtrage des messages directs, comparément à celui des messages publics, reste encore trop mince.