Pour la Journée internationale des droits des femmes, l'Islande a envoyé un message fort au reste du monde. Déjà engagée en faveur de l'égalité femmes-hommes, cette petite île volcanique de 331 000 habitants vient d'annoncer par la voix de son Premier ministre son intention de rendre obligatoire l'égalité salariale dans les entreprises.
"L'égalité des sexes profite à tous", a déclaré Bjarni Benediktsson lors de la conférence HeForShe se déroulant à New York mercredi 8 mars, avant de déclarer que son gouvernement travaillait à une loi qui obligerait les entreprises du pays – publiques comme privées – à payer femmes et hommes avec un salaire égal pour le même travail.
Unique en son genre, cette nouvelle loi compte imposer à chaque entreprise de 25 employés et plus de fournir tous les trois ans un certificat prouvant qu'au même poste, chaque salarié bénéficie du même salaire, et ce "quel que soit son sexe, son origine ethnique, sa sexualité ou sa nationalité".
Ce n'est pas la première fois que l'Islande est louée sur la scène internationale pour son implication en faveur de l'égalité entre les sexes dans les secteurs de l'éducation et du travail. L'an dernier, un rapport sur l'équilibre entre les sexes dans 142 pays du monde et publié lors du Forum économique de Davos faisait de l'Islande la championne de la parité professionnelle. "Ils en sont à 87% (d'égalité femmes-hommes, ndlr), donc s'ils continuent à ce rythme, ils pourraient être les premiers" à atteindre la parité parfaite", s'était alors réjouie dans Quartz Saadia Zahidi, cheffe du groupe Femmes dirigeantes et Parité à Davos.
Si l'égalité entre les femmes et les hommes est en passe d'être atteinte en Islande, c'est parce que le pays a entamé depuis longtemps sa transition vers une meilleure représentation des femmes dans tous les secteurs de la vie publique. La parité fait même partie des principes fondateurs de la société islandaise depuis quarante ans et le fameux "Women's day off". Ce 24 octobre 1975, 90% des Islandaises, salariées, cheffes d'entreprise et femmes au foyer ont manifesté dans les rues de Reykjavík pour montrer à quel point elles étaient nécessaires à l'équilibre du pays.
L'Islande n'est pas non plus frileuse en matière de parité en politique. En 1980, les Islandais ont élu Vigdís Finnbogadóttir comme cheffe de l'État. Cette mère célibataire est devenue la première femme au monde à être élue présidente au suffrage universel.
Depuis, les Islandais continuent à se mobiliser pour l'égalité salariale. Le 24 octobre dernier, les Islandaises ont ainsi quitté leur travail à 14h38 pour marquer l'écart de rémunération avec leurs confrères. Actuellement, les Islandaises gagnent toujours 14% à 18% de moins que leurs collègues masculins embauchés à des postes équivalents.