Les femmes n'ont eu beau représenter cette année que 17,8% des délégués invités au Forum économique mondial de Davos – c'est toujours plus qu'en 2015 -, cela n'a pas empêché les idées féministes d'y trouver une résonnance. D'abord grâce à l'intervention de la COO de Facebook Sheryl Sandberg le 22 janvier dernier, puis celle du Premier ministre canadien Justin Trudeau qui, devant une assemblée presque 100% masculine, a prononcé un vibrant plaidoyer en faveur de l'égalité femmes-hommes.
Mais la plus grande avancée en faveur de la parité constatée au Forum économique de Davos vient sans conteste de l'Islande, où l'égalité parfaite entre femmes et hommes est en passe d'être atteinte.
C'est un rapport annuel portant sur l'équilibre entre les sexes dans 142 pays du monde qui l'atteste : depuis 6 ans, l'État insulaire qui compte moins de 330 000 habitants figure en pole position en matière de parité dans les secteurs de l'éducation et du travail.
Saadia Zahidi, cheffe du groupe Femmes dirigeantes et Parité à Davos, s'en est réjouie auprès du magazine Quartz. "Ils en sont à 87% (d'égalité femmes-hommes, ndlr), donc s'ils continuent à ce rythme, ils pourraient être les premiers" à atteindre la parité parfaite.
Si l'Islande prend régulièrement la tête du rapport annuel sur l'écart entre les genres, et ce devant la Norvège, la Finlande et la Suède, c'est parce que le pays a entamé depuis longtemps sa transition vers une meilleure représentation des femmes dans tous les secteurs de la vie publique.
L'Islande a été le premier pays à élire une femme présidente en 1980. Depuis, le pays de glace oeuvre en profondeur pour un changement des mentalités. Première ministre de 2009 à 2019, Jóhanna Sigurðardóttir est aussi la première Islandaise à avoir épousé une autre femme, inaugurant ainsi l'entrée en vigueur de la loi autorisant le mariage entre deux personnes de même sexe.
La crise économique et l'effondrement du système financier de l'île en octobre 2008 a aussi participé à la prise de pouvoir des Islandaises après que l'ancienne classe politique, majoritairement masculine, eut été évincée. Bien représentées dans la vie politique du pays grâce à un système de quotas volontaires – 40% des parlementaires sont des femmes -, les Islandaises jouent aussi un rôle déterminant dans les secteurs de la santé, de l'éducation et de l'économie grâce à une politique permettant de concilier vie familiale et vie professionnelle. "C'est une très petite économie dans laquelle le talent, le capital humain y sont très précieux, explique Saadia Zahidi à Quartz. Pour ne gâcher aucun talent, [les Islandais] ont donc fait en sorte que les hommes et les femmes puissent combiner leurs obligations sociales et familiales tout en travaillant."
Seul petit bémol, auquel l'Islande travaille déjà en imposant des quotas : la trop lente féminisation des conseils d'administration des grandes entreprises.
Ailleurs dans le monde malheureusement, l'égalité parfaite entre femmes et hommes est encore loin. Car si au Japon, au Rwanda ou au Canada, de réels efforts en faveur de la parité ont été observés, l'écart entre les sexes reste, dans de nombreux pays, très important. D'ailleurs, en l'espace de dix ans, les inégalités entre les femmes et les hommes dans l'économie ne sont réduites que de 3%. À ce rythme, il faudra attendre cent dix-huit ans avant de combler l'écart, note le dernier rapport du Forum économique mondial.
Quant à la France... Elle ne se classe que 56e sur 142 concernant la place des femmes dans l'économie (12e du classement tous domaines confondus). Peut mieux faire, donc.