On a parfois tendance à l'oublier, de par sa taille réduite, sa position excentrée et son petit nombre d'habitants (331 000, un peu moins que la population de Nice). Pourtant, l'Islande est un modèle en matière de parité et d'équité dont nous ferions bien d'un peu plus nous inspirer.
Alors que ses récents exploits face au Portugal lors de l'Euro 2016 ont remis ce petit pays insulaire coincé entre le Groenland et la Norvège sur le devant de la scène internationale, on a listé 4 trucs qui font des Islandais une grande patrie de tolérance et de solidarité.
Les Islandais n'ont pas attendu les années 2010 pour se pencher sur la question des inégalités entre femmes et hommes. La parité fait même partie des principes fondateurs de la société islandaise depuis quarante ans et le fameux "Women's day off". Ce 24 octobre 1975 marque en effet un tournant pour les femmes. 90% des Islandaises, qu'elles soient salariées ou femmes au foyer, ont manifesté ce jour-là dans les rues de la capitale Reykjavík pour montrer à quel point elles étaient nécessaires à l'équilibre du pays.
Cinq ans plus tard, les Islandais ont élu Vigdís Finnbogadóttir comme cheffe de l'État. Cette mère célibataire est devenue la première femme au monde à être élue présidente au suffrage universel.
Depuis, l'Islande n'a cessé d'oeuvrer pour que les femmes et les hommes soient considérés comme égaux, que ce soit dans le monde professionnel ou politique. Lors du dernier Forum économique de Davos, l'Islande a d'ailleurs été louée pour son engagement en faveur de l'égalité dans les secteurs de l'éducation et du travail. D'après Saadia Zahidi, cheffe du groupe Femmes dirigeantes et Parité à Davos, les Islandais "en sont à 87% (d'égalité femmes-hommes, ndlr), donc s'ils continuent à ce rythme, ils pourraient être les premiers" à l'atteindre.
En Islande, si les femmes sont très bien représentées dans les instances dirigeantes, les hommes, eux, s'impliquent activement dans l'éducation de leurs enfants. Pour que tous les parents islandais aient la possibilité de rester auprès de leur nouveau-né, le gouvernement a mis en place en 2000 un système de congé parental égalitaire : 3 mois sont réservés à la mère, 3 mois au père et 3 mois à se partager. Si le père ne prend pas sa partie du congé parental, le couple n'a pas la possibilité de se partager les trois derniers mois.
Le congé maternité est aussi très avantageux : les femmes peuvent rester 6 à 9 mois auprès de leur bébé et bénéficient d'un suivi médical à domicile après la naissance. Durant cette période, les mères touchent 80% de leur salaire, payé par leur employeur. Les pères disposent quant à eux de 2 semaines de congé paternité mais peuvent s'ils le souhaitent rester à la maison pour s'occuper de leur enfant. Ils bénéficient alors des mêmes droits qu'elles et touchent les mêmes allocations.
Autre bon point : les parents islandais peuvent convertir ces 6 mois de congé en une année sabbatique complète payée à mi-temps. "Beaucoup de parents choisissent cette solution, qui leur permet de vraiment faire connaissance avec leur enfant. Ce qui explique que les mères sont ici très nombreuses à allaiter pendant plusieurs mois", explique Anna Johannesdottir, cheffe de la division Sécurité sociale du ministère islandais de la Santé, citée par l'Express.
Égalitaire et progressiste, l'Islande oeuvre depuis longtemps pour les droits des minorités et en particulier ceux de la communauté LGBT. Première ministre de 2009 à 2019, Jóhanna Sigurðardóttir est d'ailleurs la première Islandaise à avoir épousé une autre femme, inaugurant ainsi l'entrée en vigueur de la loi autorisant le mariage entre deux personnes de même sexe en Islande.
Récemment, c'est la compagnie aérienne low cost WOW Air a décidé de s'engager en faveur "des personnes de même sexe partout dans le monde" en lançant deux nouveaux modèles d'Airbus, dont un baptisé "TF - Gay". "Si nous sommes spécialistes du vol pas cher, c'est aussi pour permettre à de plus en plus de gens de voyager et découvrir de nouvelles cultures. Peu importe leur sexe, religion ou origine ethnique, nous sommes au service de la population et nous espérons pouvoir contribuer ainsi à l'évolution des sociétés pour un monde meilleur", a déclaré le PDG de WOW Air Skúli Mogensen.
Si les supporters islandais se sont fait remarquer pour leur fair play et leur sympathie, les habitants du pays se sont déjà par le passé distingués par leur sens de la solidarité et de l'entraide. En septembre dernier, le gouvernement a ainsi annoncé souhaiter accueillir 50 Syriens pouvant bénéficier de l'asile politique. Un chiffre trop peu élevé pour les Islandais, qui ont déclaré souhaiter en aider 5 000. Suite à un appel lancé sur Facebook, plus de 14 000 Islandais ont répondu présents en se portant volontaires à la Croix-Rouge. D'autres ont déclaré vouloir héberger chez eux des réfugiés pour les aider à s'insérer dans la société. "Un grand nombre de personnes nous a encouragé à faire mieux, a expliqué Eygló Harðardóttir, le ministre des Affaires sociales, et cela m'a rempli d'optimisme. Nous ne prévoyons pas de construire de nouveaux camps de réfugiés ici. Nous voulons que les gens s'intègrent dans la société islandaise, qu'ils aient du travail, un logement, que leurs enfants aillent à l'école et soient invités à des fêtes d'anniversaire."