L'écart de rémunération a beau perdurer dans la majorité des pays, les salariés ont de plus en plus le sentiment que les inégalités salariales tendent à se réduire. C'est ce que met en lumière une étude réalisée par la plate-forme dédiée à l'emploi Glassdoor, et dont les résultats ont été dévoilés ce mercredi matin.
Menée auprès de plus de 8 000 salariés dans sept pays (Royaume-Uni, Canada, États-Unis, France, Allemagne, Pays-Bas et Suisse), elle se place à contre-courant des précédents travaux sur les inégalités salariales en affirmant que 7 salariés sur 10 des sept pays monitorés estiment qu'hommes et femmes sont payés équitablement pour le même travail.
En observant de plus près les résultats par pays toutefois, des divergences apparaissent. Alors que les Pays-Bas affichent le plus haut pourcentage – 83% des salariés néerlandais estiment qu'hommes et femmes reçoivent le même salaire pour le même travail -, ce n'est pas le cas de la France, qui se distingue des autres pays en affichant un score étonnamment bas. 65% des salariés français (55% de femmes et 74% d'hommes) jugent que les inégalités salariales n'ont plus cours. Ils sont 22% (15% d'hommes et 29% de femmes) pensent en revanche que l'écart de rémunération toujours d'actualité.
À compétences égales, hommes et femmes doivent-ils percevoir le même salaire ? De manière quasi-unanime (88%), les salariés français considèrent qu'accorder une rémunération égale est une évidence. Une bonne moyenne, quand on sait que ce pourcentage s'élève à 93% aux États-Unis, à 90% en Allemagne et aux Pays-Bas, à 88% en Suisse et à 87% au Royaume-Uni et au Canada.
"Alors que les disparités salariales persistent, notre étude révèle que la majorité des salariés ne remarque pas de différence de rémunération entre hommes et femmes au sein de leur entreprise, explique dans un communiqué Andrew Chamberlain, responsable économique chez Glassdoor. Dans toutes les géographies observées, la parité salariale est soutenue."
L'étude Glassdoor souligne aussi l'importance pour les entreprises de jouer la carte de la transparence autour de leur politique salariale. Postuler dans une entreprise qui ne respecte pas l'égalité salariale ? 59% des salariés françaises ne l'envisagent pas. Ce chiffre grimpe à 67% auprès des femmes (contre 53% des hommes).
Les résultats montrent aussi que les salariés les plus récemment arrivés sur le marché du travail sont aussi les plus sensibles aux questions d'égalité professionnelle. 66% des salariés français âgées de 18 à 24 ans affirment qu'ils ne candidateraient pas dans une société où les femmes perçoivent un salaire inférieur à celui de leurs confrères. Ils sont 54% chez les 45-54 ans et 55% chez les plus de 55 ans.
Les répondants à l'étude ont aussi été interrogés sur les moyens à mettre en oeuvre pour enfin de garantir l'égalité salariale. Parmi les salariés français estimant qu'un écart de rémunération existe dans leur entreprise, 33% considèrent attendent qu'une législation gouvernementale somme les employeurs de payer leurs salariés de façon paritaire. 24% tablent sur de nouvelles politiques d'entreprise pour favoriser une juste rémunération. 21% estiment qu'une visibilité accrue sur la rémunération perçue en interne est essentielle pour réduire l'écart, tandis que 20% souhaitent une communication plus transparente des cadres dirigeants et des ressources humaines sur la réévaluation des salaires contribuera à réduire les inégalités.
17% des salariés français estiment également que les femmes devraient davantage prendre l'initiative de demander une augmentation. Enfin, 15% envisagent une grève pour lutter contre les inégalités salariales – soit le taux le plus élevé parmi les sept pays interrogés.