Généralement considéré comme un membre officiel de la famille, le chien – au même titre que le chat – est devenu la nouvelle marotte des scientifiques. Pourquoi incline-t-il si souvent la tête sur le côté ? Pourquoi lui arrive-t-il de sourire ? Le comportement de notre fidèle ami à quatre pattes ne cesse d'être analysé. Mais ce qui semble passionner les chercheurs, c'est avant tout les bienfaits de l'animal sur notre moral et notre santé. En 2015, une étude américaine révélait ainsi que le chien avait le pouvoir de réduire considérablement notre anxiété, tandis que quelques mois plus tard, c'est une étude menée en Grande-Bretagne qui assurait que notre compagnon ressentait parfaitement nos émotions. On est bien loin des recherches effectuées sur le chat, accusé tour à tour d'être un snob de première ou un assassin en puissance...
Forcément, pour découvrir que les chiens ont des vertus antistress ou qu'ils sont sensibles à nos émotions, c'est avant tout le comportement humain qu'il a fallu étudier. Récemment, deux études menées en parallèle en Angleterre se sont penchées à leur tour sur la relation humain/chien. Dans les deux cas, les chercheurs ont découvert une chose étonnante : l'homme considère le canidé comme un confident très précieux, parfois plus précieux qu'un proche. Stanley Coren, qui étudie le comportement canin à l'Université de Colombie au Canada - et qui avait déjà révélé que les chiens n'étaient pas du tout friands des câlins – vient de mettre en lumière les deux études dans un article publié sur Psychology Today.
Il évoque tout d'abord une étude menée par l'Université de Cambridge qui a analysé le développement social et émotionnel chez des enfants pendant dix ans. Et c'est là que les choses deviennent intéressantes. Matthew Cassels, le doctorant en charge des recherches, révèle en effet que les enfants, et particulièrement les filles, ayant connu des événements très stressants – comme le deuil, le divorce des parents, la maladie, ou une vie familiale instable - ont plus de chance que les autres de développer une relation très forte avec leur chien. Une relation qui serait également plus intense que celle qu'ils entretiennent avec leurs proches.
Le doctorant s'étonne : "C'est très surprenant de voir que ces enfants se tournent vers leur animal quand ils ont besoin de soutien face à l'adversité, et qu'ils le font encore plus facilement que de se tourner vers un frère ou une soeur. Et cela, même quand ils sont en âge de concevoir que l'animal ne les comprend pas".
La seconde étude citée par Stanley Coren a été menée à l'Université de Lincoln. Cette fois-ci, c'est la relation entre 306 personnes adultes (232 femmes et 74 hommes) et leur chien qui a été analysée. Le but de l'étude ? Découvrir si les gens se confiaient plus facilement à leur animal qu'à leur partenaire et surtout, quels sentiments ils choisissaient de partager. Une fois de plus, ce sont les femmes qui ont montré une plus forte tendance à la confession canine. Mais attention, leurs états d'âme varient selon si elles se confient à leur partenaire ou à leur chien. Avec l'animal, on " discutera " plutôt de son mal-être ou de son bien-être, ou encore de sa jalousie envers quelqu'un, tandis qu'avec l'être-aimé, on partagera plutôt ses sentiments de peur ou de colère. Quant aux hommes, ils ont montré qu'ils parlaient moins de leurs sentiments en général, et quand ils le font, ils ne font pas de différence entre les émotions qu'ils partagent avec leur compagne ou leur chien.
Si les études ont été menées sur des sujets d'âges différents, elles se rejoignent donc sur deux points : les gens – qu'ils soient enfants ou adultes – se confient parfois plus facilement à leur chien qu'à leurs proches, et les femmes sont plus nombreuses à le faire que les hommes. En même temps, ça se comprend. N'y-a-t-il pas meilleure écoute qu'un interlocuteur incapable de nous répondre ?