La grogne contre la politique fiscale gouvernementale continue. Après la fronde des « Bonnets rouges » bretons contre l'Écotaxe en octobre, puis celle des artisans commerçants « sacrifiés » à la mi-novembre, le gouvernement va désormais devoir composer avec le mécontentement des professions libérales.
Réunis sous l'appellation des « asphyxiés », médecins, avocats, notaires, architectes, pharmaciens ou encore experts comptables ont répondu à l'appel lancé par l'Union nationale des professions libérales (UNAPL) et entamé ce lundi une « mobilisation nationale » contre les hausses d'impôt et la réforme des retraites. Au programme, distribution de tracts au slogan évocateur - « Les métiers de la vie, moi j'y tiens » - mobilisation sur les réseaux sociaux et sensibilisation des clients avec l'affichage de pancartes dans les cabinets. Mais, indique au Figaro le président de l'UNAPL Michel Chassang, « ce n'est qu'un apéritif ». « Si on n'est pas entendu, on n'exclut pas de descendre dans la rue. D'Amiens à Bordeaux, partout où je me rends, je constate un ras-le-bol très fort et une franche hostilité. Nous faisons ce que nous pouvons pour ne pas nous laisser dépasser par le terrain », explique-t-il.
L'objet du mécontentement des « asphyxiés » ? La réforme fiscale annoncée par le gouvernement, et en particulier la hausse de la contribution sociale généralisée (CSG) si celle-ci venait à fusionner avec l'impôt sur le revenu, comme l'a préconisé Jean-Marc Ayrault. Les libéraux s'opposent aussi à l'augmentation de la cotisation foncière des entreprises (CFE), qui a succédé à la taxe professionnelle en 2009. La loi de financement de la Sécurité sociale prévoit en effet une hausse de 40% de la CFE pour les professions libérales placées sous le régime fiscal BNC (bénéfices non commerciaux), et qui devrait concerner 80% des libéraux.
Autre motif de mécontentement des libéraux : le volet pénibilité prévu dans la dernière réforme des retraites, qu'ils jugent incohérent. Ce dernier prévoit notamment la possibilité pour toute personne ayant exercé un travail reconnu pénible de partir à la retraite avec deux ans d'avance maximum sur l'âge légal. « Un anesthésiste qui travaille 24 heures d'affilée, avec la responsabilité qui lui incombe, n'aura pas le droit au compte pénibilité. Mais les personnes qui travaillent avec lui y auront droit. C'est aberrant ! », juge Michel Chassang.
Les libéraux soupçonnent aussi le gouvernement de vouloir mettre sous tutelle les 21 milliards d'euros de réserves de leurs caisses complémentaires avec la nomination, en Conseil des ministres, d'un directeur général.
Enfin, estime l'UNAPL, les professions libérales sont clairement mésestimées dans les négociations entre organisations interprofessionnelles et le gouvernement, alors qu'elles représentent 25% du secteur marchand et créent 100 milliards d'euros de valeur ajoutée par an. « On est dépendant des autres organisations qui n'ont pas toujours les mêmes objectifs. Il est anormal d'exclure 2 millions de personnes de la négociation et d'accords qui s'appliquent à eux », juge Michel Chassang.
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