Vous ne connaissez pas encore Sylvie Hofmann mais vous risquez de l'adorer. Cette infirmière aux 40 ans d'expérience est la star de "Madame Hofmann", le nouveau docu de Sébastien Lifshitz ("Adolescentes", "Petite fille"), à découvrir en salles. En immergeant sa caméra à l'hôpital nord de Marseille, mais aussi dans le quotidien de son héroïne, le metteur en scène donne à voir toutes les difficultés d'une profession-sacerdoce.
Un regard lucide et hyper incarné sur l'hôpital public et surtout, sur toutes celles qui le font vivre, quitte à envoyer valser leur santé mentale. En se focalisant sur cette habituée du service oncologique à deux doigts de la retraite, le documentaire sensibilise d'ailleurs frontalement à cet enjeu fondamental. Et son cinéaste avec.
Sur les ondes de France Inter, Sébastien Lifshitz tient à le rappeler : "On croit que les infirmières sont en béton armé alors qu'elles sont très souvent affectées par ce qu'elles traversent. Elles ont tellement de responsabilités au bout de leurs mains". Et pas seulement en temps de crise sanitaire...
Car si les conséquences du Covid sont abordées dans le documentaire, c'est plus encore la sur-charge de ces professionnelles de la santé qui est dévoilée, au quotidien, et sur le long terme. Ainsi apprend-t-on dans ce panorama qu'une infirmière tient à peu près sept ans en moyenne avant de quitter le métier !
"Pour moi, l'hôpital est un des symboles de la République", explique le réalisateur au HuffPost. "Il incarne ce que la France a de mieux à offrir : une égalité de soin pour tous, une solidarité nationale. L'hôpital, c'est nous tous... Mais il y a des métiers où la souffrance physique et psychique est une vraie question. Sylvie a tenu quarante ans, est épuisée physiquement et mentalement. La nation devrait remercier les 'Sylvie' que nous avons".
Si on se rappelle que les soignant·e·s étaient applaudi·e·s à 20 heures pendant les confinements, la crise des hôpitaux publics n'a jamais cessé cependant. Chaque année, les professionnels fustigent les restrictions budgétaires imposées au secteur de la santé. En 2022 encore, la médecin urgentiste Abigael Debit dénonçait une atmosphère lourde, entre manques de moyens, pressions diverses, fatigue mentale et physique. Une situation aussi pensante pour les soignantes... Que pour les patients.