39. C'est le nombre de féminicides que l'on déplorerait entre janvier et mai 2021. Derrière ce chiffre, des tragédies anonymes qui témoignent des dysfonctionnements de tout un système. On pense notamment au récent meurtre de Chahinez, une mère de famille brûlée vive en pleine rue par son ancien conjoint à Mérignac.
L'assassin était récidiviste et faisait l'objet de lourds antécédents judiciaires. Déjà condamné en 2020 pour "violences volontaires par conjoint", il venait de sortir de prison et était par ailleurs recherché par la police au moment des faits. Et c'est en la mémoire de toutes celles qui, comme Chahinez, ont été victimes de violences conjugales et de féminicides, que la mairie du 13e arrondissement de Paris a décidé d'ériger un mémorial.
"Nous souhaitons qu'un lieu à Paris leur soit dédié. Un lieu qui nous permette de nous rassembler, de nous recueillir, de crier aussi notre indignation, un lieu symbolique pour leur rendre hommage, un lieu pour briser le silence", a déclaré à ce titre le maire socialiste Jérôme Coumet. Un lieu érigé pour ne pas oublier.
"Face à cette escalade de la violence faites aux femmes, je suis terrassé, anéanti. Et en temps qu'homme je m'interroge, car nous parlons d'une violence très majoritairement à sens unique", a encore déclaré l'élu. Une interrogation majeure qui s'exprime à l'unisson de celles des militantes féministes, particulièrement critiques, notamment, au sujet des effets relatifs du Grenelle des violences conjugales initié par Marlène Schiappa en septembre 2019.
Le mémorial en question devrait donc s'ériger près de la place dite de la "Bergère d'Ivry", place où, en 1827, fut par ailleurs assassinée un jeune femme, poignardée sous un prétexte "passionnel". Un cas de féminicide historique qui explique donc le choix symbolique de ce lieu. Pour la mairie du 13e arrondissement, un tel mémorial permet ainsi de se souvenir, mais également de "briser le silence" qui entoure les violences et les féminicides.
Comme un prolongement d'une action militante matricielle qui perdure depuis des années, celle des colleuses féministes. A travers la capitale, nombreux sont effectivement les collages disparates à rendre hommage aux défuntes tout en fustigeant les violences patriarcales. En janvier dernier, plus de soixante colleur·euses de Paris érigeaient déjà un mémorial au 44 rue Bouvier, dans le 11e arrondissement de Paris. S'y retrouvaient inscrits 111 noms de victimes. Pour, là encore, briser le silence.
- Si vous êtes victime ou témoin de violences conjugales, appelez le 3919. Ce numéro d'écoute national est destiné aux femmes victimes de violences, à leur entourage et aux professionnels concernés. Cet appel est anonyme et gratuit.
- En cas de danger immédiat, appelez la police, la gendarmerie ou les pompiers en composant le 17 ou le 18.