Chahinez, une mère de famille âgée de 31 ans, a été brûlée vive à Mérignac, en Nouvelle-Aquitaine. Elle a été tuée par son ancien conjoint, armé d'un fusil et d'un pistolet à gaz, en pleine rue. Ce dernier lui a tiré deux fois sur les jambes. Puis, il s'est emparé d'un bidon d'essence, l'a aspergée, et immolée par le feu, à quelques centaines de mètres seulement de son domicile. Avant d'être interpellé par les forces de l'ordre.
Comme nous l'apprend France 3, le coupable était déjà connu des services de police, et venait de sortir de prison. La défunte avait d'ailleurs porté plainte contre ce dernier, criminel récidiviste. "Chahinez était une femme battue et ces violences conjugales dont elle était victime étaient connues dans le quartier", déplore à ce titre le journal régional. Rapports médicaux accablants et visites policières antérieures témoignent de ces antécédents.
Malgré son interdiction judiciaire d'approcher son épouse, le mari était revenu habiter dans son domicile depuis quelque temps. Déjà condamné le 25 juin 2020 par le tribunal correctionnel de Bordeaux pour violences volontaires par conjoint, le coupable faisait l'objet d'un lourd dossier et était par ailleurs recherché par la police.
Au journal de France 3 toujours, une voisine témoigne, accablée : "Chahinez disait que c'était un monstre".
"En juin, Chahinez avait déjà eu le larynx écrasé. Résultat, il n'a fait que trois mois de prison et il continuait à circuler dans le quartier", poursuit la voisine. Comment, de par ces interdictions judiciaires, ces condamnations antérieures et cette mise en alarme des forces de police, un tel féminicide a-t-il pu donc avoir lieu ? Habitant·e·s de Mérignac, mais aussi associations féministes, s'interrogent sur le pourquoi de cette tragédie.
C'est notamment le cas de la Fondation des Femmes, qui dans son dernier communiqué, à juste titre intitulé "Un nouveau féminicide par arme à feu : que fait le Ministre de l'Intérieur ?", interpelle directement le gouvernement français et prend en compte ses responsabilités quant au fléau des féminicides.
On écoute : "L'arme à feu du conjoint, condamné pour violences conjugales, a été utilisée. Ce crime d'une violence rare sonne comme un aveu d'échec pour le ministère de l'Intérieur. D'abord, il est incompréhensible que cet homme puisse posséder une arme à feu. Ensuite, l'auteur des violences était connu pour des faits de violences conjugales. Il venait tout juste de sortir de prison. Comment comprendre, dans ces conditions, que l'auteur qui avait interdiction d'approcher la victime n'était pas équipé d'un bracelet anti-rapprochement ?".
Des notions énoncées par le parquet de Bordeaux, qui à l'unisson a observé de nombreuses failles relatives à ce féminicide, le 39e depuis le début de l'année, comme le fait, effectivement, que le coupable ne portait pas de bracelet électronique. Mais c'est avant tout le port d'armes à feu que fustige la Fondation. Et l'association de rappeler que, si la loi encourage les forces de l'ordre à confisquer les armes des auteurs de violences conjugales, un tiers des féminicides par an sont commis par arme à feu. "2021 ne fait pas exception avec 13 féminicides sur 39 commis de cette manière", développe avec fracas le communiqué.
Non sans préciser par ailleurs que neuf de ces victimes... avaient déjà porté plainte auparavant. Et la Fondation des Femmes de conclure : "On est en droit de se demander quelle importance Gérald Darmanin accorde à la lutte contre les violences faites aux femmes. Combien de féminicides par arme à feu faudra-t-il pour que le ministre de l'Intérieur donne consigne à ses services de réquisitionner toutes les armes à feu de tous les conjoints identifiés comme violents par les forces de l'ordre. Lutter demande une vigilance de chaque instant. Ces derniers mois, les féminicides sont à nouveau en hausse, signe d'une priorisation politique en baisse".
Un état des lieux où résonne un sentiment d'urgence - l'urgence d'une sensibilisation, mais surtout d'une mobilisation. Une enquête, assurée par la sûreté départementale, a été ouverte. En attendant, ce sont des centaines de personnes qui se sont réunies à Mérignac pour rendre hommage à la victime.
- Si vous êtes victime ou témoin de violences conjugales, appelez le 3919. Ce numéro d'écoute national est destiné aux femmes victimes de violences, à leur entourage et aux professionnels concernés. Cet appel est anonyme et gratuit.
- En cas de danger immédiat, appelez la police, la gendarmerie ou les pompiers en composant le 17 ou le 18.