Sa parole est aujourd'hui très attendue, synonyme de lutte et de révolte. Parce qu'elle fait partie de ces rares actrices françaises à parler et monter au créneau. Depuis son interview-fleuve à Mediapart dans laquelle elle accusait le réalisateur Christophe Ruggia d'attouchements et de harcèlement sexuel, puis son départ (iconique) en pleine cérémonie des César en réaction au prix du meilleur réalisateur décerné à Roman Polanski, les mots d'Adèle Haenel, militants, toujours politiques, résonnent très fort.
Invitée ce lundi matin (28 septembre) dans l'émission Boomerang de France Inter pour la promo de son nouveau film Les héros ne meurent jamais, en salles ce mercredi 30 septembre, la comédienne n'a pas manqué d'asséner quelques uppercuts. Ainsi, en réaction à la présence de Roman Polanski dans la "nouvelle" liste du conseil d'administration de l'Académie des César, elle cingle : "Je me suis dit quel vieux truc !"
Toujours très mobilisée sur les violences sexistes et sexuelles, mais aussi contre les violences policières, celle qui cite Assa Traoré comme exemple l'affirme : elle ne baissera pas la garde, plus alerte que jamais. "Déjà on reste debout, et on continue de gueuler. Je pense qu'il y a beaucoup de choses qui se passent aujourd'hui dans la société française, un vrai dynamisme de soulèvement. J'ai envie de faire partie de ce peuple-là. Ça fait chaud au coeur à beaucoup de militants et militantes", souligne l'actrice de 31 ans. "Quand on prend la parole, on se radicalise dans ses choix artistiques. Cela ne permet plus vraiment une zone grise où le sens n'est pas très clair. Mais même si on est deux ou trois face à une foule, on ne se sent plus seuls."
Adèle Haenel en a profité pour égratigner la nomination "très très problématique" de Gérald Darmanin, visé par une information judiciaire pour viol, au poste de ministre de l'Intérieur : "Quand je vois ça, qu'il est nommé alors qu'il y a une accusation de viol sur lui, c'est un pied de nez. Non, pas un pied de nez. C'est une insulte, en fait, lance-t-elle. "C'est une insulte à une partie de la population qui s'est soulevée par humanisme. Nous on veut défendre l'égalité, la sororité, la fraternité. C'est ça que je trouve choquant, en fait, que ce soit dans cette nomination mais aussi dans d'autres décisions du gouvernement."
Oui, Adèle Haenel est toujours debout. Et se tient prête pour les combats à venir.