"Nous avons "essayé" de nombreuses pistes sur les contreforts de la Bolivie et du Chili dans des paysages somptueux à couper le souffle. Je puis vous affirmer aujourd'hui que c'est un des plus beaux tracés que j'ai réalisé en 30 ans d'aventure." Jean-Jacques Rey, l'organisateur du Trophée Roses des Andes, tease nos aventurières. Et pour cause, puisque ce pilote expérimenté de rallye auto et moto organise depuis 28 ans des raids aventure en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud. Dans dix jours, les 63 équipages de cette édition 2016 prendront le départ, après plus d'un an de préparation, à bord de leur 4x4 pour "manger", pendant six jours, 4000 kilomètres de route à travers le désert et l'Altiplano du grand nord-ouest argentin. Parmi elles, des mères de famille, des copines de toujours, des soeurs, des femmes comme nous toutes, pas forcément rompues aux cascades automobiles en milieu sauvage.
Pourtant, lorsqu'elles se sont inscrites, Dam et Sam, Lydia et Mimi, ou Laura et Sarah, les trois équipages que Terrafemina vous propose de suivre dans leur aventure du bout du monde, n'ont pas hésité. La conduite, ça s'apprend, la navigation, aussi, se sont-elles dit, davantage inquiètes, au départ, de réunir la somme nécessaire à leur départ, et d'organiser la logistique familiale pendant leur absence. Basé uniquement sur l'orientation, le Trophée comporte cependant plusieurs épreuves de franchissement des dunes, sans oublier la traditionnelle étape marathon (deux jours en autonomie totale), qu'il leur faudra accomplir avec la seule aide d'un road-book, d'une carte et d'une boussole.
En bref, nos équipages ont dû s'entraîner avant de sauter dans l'avion qui les emmènera dans quelques jours à la découverte d'elles-mêmes. Qui sera pilote, copilote ? La question se pose dans chaque équipage, qui choisit à sa manière la répartition des rôles. "On aime beaucoup conduire toutes les deux", explique Damienne. "Alors, quand on a démarré l'aventure, on avait chacune envie d'être pilote. Puis on a attendu le premier stage pour savoir comment on se sentait au volant. On s'est finalement rendu compte que la navigation aussi était quelque chose de très sympa et ludique, alors qu'on pensait que ça allait être fastidieux". Le stage, c'est un passage obligé pour s'acclimater aux véhicules, à la conduite en milieu brut, à la rigueur de l'orientation. On y glane de précieux conseils, on y croise de futures concurrentes avant de mesurer son niveau. C'est, pour beaucoup, une pré-expérience qui laisse, déjà, des souvenirs indélébiles. "Au week-end, on était comme des gamines", raconte en effet Damienne.
Lydia et Michelanne, elles, se sont vues offrir leur formation par l'un de leurs sponsors, qui leur a payé une semaine au Maroc. "Michelanne n'a pas pu venir, donc je suis partie avec d'autre équipages", relate Lydia. "On a roulé tous les jours, du lundi au samedi. On a fait de la piste, beaucoup de sable. On est passées à des endroits où les touristes ne vont pas du tout. Ca m'a presque fait un deuxième rallye ". Les rôles, eux, se sont alors imposées comme cela. "A moins que j'aie un gros coup de fatigue, normalement, je continue la conduite et Mimi s'occupe de la navigation."
Les soeurettes Laura et Sarah ont pour leur part mis le cap vers le Sud de la France. "Une super expérience", s'enthousiasme la cadette. "Ca nous a encore plus donné envie de partir. Il y avait une super bonne ambiance, des nanas très sympas. Et puis, ce qui est agréable, c'est qu'on est beaucoup à être débutantes." Finalement, c'est l'orientation qui semble la moins évidente. "On a eu beaucoup de mal à trouver une boussole qui fasse l'hémisphère Sud !", confesse Lydia, qui nous fait découvrir l'existence insoupçonnable d'un tel objet. "Quand on utilise une boussole "hémisphère nord" dans l'hémisphère sud, l'extrémité sud de l'aiguille est attirée vers le bas par le champ magnétique, alors qu'elle est déjà pourvue d'un contrepoids. Résultat, la pointe sud de la boussole accroche sur le fond de la cavité dans laquelle elle est logée, et fonctionne donc beaucoup moins bien", explique en effet Wikipedia. Résultat, Damienne est devenue la meilleure copine des vendeurs du Vieux Campeur de Marseille, à force de "jouer les sangsues", de son propre aveu. "J'ai fini par comprendre grâce à eux. Ils m'ont bien expliqué. Ils sont hyper calés."
Il y a un an, lorsqu'elles ont envoyé leur bulletin d'inscription, nos six participantes étaient loin, bien loin des déserts argentins. Aujourd'hui, elles sont fin prêtes, trépignent à l'idée de prendre place dans leur voiture floquée aux couleurs de leurs sponsors, de se challenger, de bivouaquer avec des soeurs d'aventure qu'elles n'auraient probablement jamais rencontrées sans ce coup de folie qui les pousse à se dépasser. Et puis, qui sait si l'esprit de compétition ne finira pas par les titiller... "Au début, on le faisait pour s'amuser", concède Laura, avant d'ajouter, un brin excitée : "Aujourd'hui, on le fait pour gagner."