Mariés depuis dix ans, Heather* et son mari s'entendent bien et ils sont très complices. Un mariage plutôt réussi, dirait cette femme de trente-deux ans. À un détail près : ils n'ont plus de rapports depuis presque un an.
Quand ils se sont rencontrés il y a quinze ans, ils n'arrêtaient pas de faire l'amour, confie-t-elle. Après deux ans de mariage, la fréquence de leurs rapports a commencé à baisser, passant de plusieurs fois par semaine à une fois de temps en temps, puis une fois par an. Chaque fois, Heather devait prendre l'initiative. Elle aimerait que la situation s'améliore mais son mari ne ressent aucun désir, et il n'a aucune envie de parler de la façon dont les choses pourraient changer.
"Il a toujours plein d'excuses : il n'est pas d'humeur, il est fatigué, il a mal au ventre..."
Elle soupçonne une baisse de testostérone, mais il refuse de consulter. Quand elle aborde le sujet, il se referme sur lui-même ou se montre agressif. Elle s'est plainte plusieurs fois de ne pas se sentir désirée, d'avoir l'impression de n'être que sa colocataire. Et puis elle a fini par arrêter, fatiguée d'être rejetée et de le voir manifester autant d'indifférence.
Si elles n'ont pas besoin que les hommes prennent les devants question sexe, elles restent sensibles à une envie non partagée. D'autant plus que les stéréotypes ont la vie dure : celui du mari toujours d'attaque pour une partie de jambes en l'air, et de son épouse qui "a la migraine" .
Face à un mari récalcitrant, elles sont donc nombreuses à se demander si elles ne sont pas responsables de cet état de fait.
Penny*, 43 ans, affirme avoir été " immédiatement attirée " par son futur mari, quand ils se sont rencontrés il y a quinze ans. Mais après trois ans de mariage, le sexe ne semblait plus présenter d'intérêt pour lui. Même dans les moments propices au désir, comme lors d'un anniversaire de mariage ou pendant les vacances, elle essuyait toujours un refus.
"Ça m'a dévastée. Bon, je n'ai jamais pensé être la plus belle du monde, mais je m'étais toujours sentie attirante et j'avais confiance en moi", témoigne-t-elle.
Son mari ne souhaite pas en parler ou participer à une thérapie de couple. De son côté, Penny est allée voir un psy qui lui a fait comprendre que le problème ne venait ni d'elle ni de son physique. Cela fait des années qu'elle encourage gentiment son mari à se faire aider ou soigner, des années qu'elle se heurte à un mur.
Elle a fini par ne plus supporter ce manque de relations, et a dit à son mari qu'elle allait finir par coucher avec quelqu'un d'autre, et c'est ce qui s'est passé. Mais elle avait beau avoir l'accord de son mari, elle souffrait toujours de leur manque d'intimité, et ils ont fini par se séparer.
Parfois, c'est seulement quand les enfants grandissent et sont plus indépendants que cette perte de désir se fait sentir. C'est ce qu'a vécu Megan*, 30 ans, mère de trois enfants. Trop accaparée par leur éducation, et part manque d'énergie, elle a cessé d'initier les rapports sexuels avec son mari, alors qu'elle en avait toujours eu l'habitude. Selon elle, le sexe et les marques d'affection physiques n'intéressent plus son mari, qui ne la regarde même plus.
Elle a bien tenté de lui en parler, d'initier la conversation en lui envoyant des articles sur le sujet. Elle a même proposé de subir une opération de chirurgie plastique pour gommer les stigmates des grossesses mais a rapidement perdu l'enthousiasme qu'elle avait manifesté pour relancer leur vie sexuelle.
"Quand on doit quémander, ça n'a plus rien de sincère", explique-t-elle.
Ces témoignages ne montrent bien entendu qu'une partie du problème : les maris se sentent eux aussi humiliés par l'échec d'un rapport sexuel, quelle qu'en soit la raison. Parmi les causes physiologiques fréquentes, citons les dysfonctions érectiles, la prise de médicaments (dont les antidépresseurs), voire des déséquilibres cérébraux ou hormonaux (comme, par exemple, un manque de testostérone). Côté psychologique, cette absence d'intérêt peut être liée à une dépression, au stress, à de l'anxiété, ou encore à des problèmes dans le couple.
C'est généralement leur compagne qui pousse ces hommes à consulter, nous dit le docteur Irwin Goldstein, directeur du programme de médecine sexuelle de l'hôpital Alvarado, à San Diego. La plupart de ses patients se sentent peu concernés par leur faible libido. S'ils cherchent un traitement, c'est pour éviter que leur conjointe se sente malaimée ou ignorée.
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