Le saviez-vous ? Ne pas oser dire "vagin" ou "vulve" ne serait pas sans incidence sur la santé des femmes, bien au contraire. Cela leur ferait même beaucoup de mal. Cela, c'est en tout cas ce qu'affirme la Dr Aziza Sesay, spécialiste de la santé des femmes et notamment de leur santé sexuelle et reproductive.
Mais comment l'expliquer au juste ? C'est simple.
La médecin britannique développe cette conviction du côté de la BBC : "Il y a des études qui suggèrent que même les professionnels de la santé ont du mal à discuter des rapports sexuels et par exemple, de l'endroit précis où la douleur peut apparaître sur le vagin. Or, être assez 'graphique' est utile pour les patientes".
Notamment pour aborder quantité de phénomènes liés au vagin et à la vulve, et qui peuvent exiger une visite chez le gynéco : la sécheresse vaginale ou les démangeaisons vaginales, les irritations, légères infections ou sensations de brûlure, les pertes vaginales, les inflammations vaginales ou "vaginites"...
"Il n'est pas rare de voir des patientes qui ont attendu 10 ou même 15 ans avec ces symptômes. C'est arrivé au point où ils ont dû arrêter de travailler, ou leur relation s'est rompue. C'est vraiment essentiel pour nos filles. À l'avenir, je veux qu'elles puissent vivre dans un monde où elles peuvent avoir ces conversations", assure à ce propos la chirurgienne Julie Cornish, opérant pour le conseil de santé de Cardiff et Vale.
En gros, il ne faut surtout pas mésestimer l'impact des tabous...
Un sujet loin d'être anecdotique. Pour les médecins Aziza Sesay et Michelle Olver, "il y a encore tout un embarras concernant les mots de l'anatomie féminine" et ce même au sein des cabinets. Tant et si bien qu'une des grandes luttes actuelles reste encore de "briser cette stigmatisation avec les professionnels de la santé" comme l'énoncent les docteures, puisque ce malaise "met la santé des femmes en danger".
Effectivement, "si nous, en tant que professionnels de la santé, avons du mal à parler de tout cela, il sera très difficile pour les femmes de se manifester à leur tour pour discuter de ces choses", déplore à l'unisson la Dr Michelle Olver. Or, discuter, c'est encore la meilleure manière de prévenir, et de soigner.
Dire les choses ? L'inverse, assure les expertes, engendre quelque chose de négatif : le fait d'ignorer, mais aussi de minimiser des soucis de santé intime qui peuvent s'avérer graves. Un vrai enjeu, pour toutes.
Or, ce n'est pas forcément gagné.
Un récent article du "New York Times" nous a appris que le plaisir des femmes et l'intimité féminine étaient méprisés dès les écoles de médecine. Et en premier lieu, le clitoris, au sujet duquel très peu d'informations seraient transmises. Comme le déplore à ce titre la spécialiste de la santé sexuelle Rachel Rubin : "La santé sexuelle des femmes serait simplement considérée comme de l'hystérie, une boîte de Pandore, une médecine entièrement psychosociale, pas une vraie médecine".