bien-être
Avoir du mal à travailler en ce moment, c'est normal
Publié le 2 octobre 2020 à 11:34
Par Le HuffPost
Vous avez du mal à vous concentrer en ce moment ? C'est normal. Entre la pandémie de Covid-19, le climat anxiogène et les catastrophes naturelles, les expert·e·s recommandent de faire preuve d'indulgence envers vous-même pendant cette période cauchemardesque.
Stress pendant l'émidémie de coronavirus Stress pendant l'émidémie de coronavirus© Adobe Stock
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Outre la menace que représente actuellement la pandémie de coronavirus, qui entrave les familles et les personnes actives dans leur vie personnelle, leur travail et leur rapport aux autres, de nombreuses personnes font désormais face à des menaces environnementales, telles que les feux de forêt au Brésil ou aux Etats-Unis, ou les inondations plus proches de nous qui viennent s'ajouter à toutes les autres en cette année 2020.

Le stress physique, compréhensible, engendré par cette situation rend parfois le travail impossible. Lara Hogan, coach en management, vit à Portland (Oregon), où on a enregistré un pic de pollution atmosphérique au cours de la deuxième semaine de septembre: avec les incendies qui faisaient rage à proximité, Portland est devenue la grande ville dont l'air était le plus vicié au monde. Vers la fin de la semaine, Lara Hogan avait la tête qui tournait, une "toux bizarre", et n'arrivait plus à se concentrer.

Connaître ses limites


"J'avais beaucoup plus de mal à faire mon travail, réfléchir, parler, répondre à des questions, des choses normales", explique-t-elle. Elle s'est donc demandé si elle était en mesure de faire correctement son travail.

Quand la réponse est devenue "non", elle a pris la décision d'annuler son coaching par téléphone pendant deux jours et de passer ce petit break à se reposer, dormir et jouer à des jeux vidéo.

"Maintenant que je sais comment fonctionne mon cerveau pendant ces épisodes [de mauvaise qualité de l'air], je sais qu'il vaut mieux que je reste allongée près du purificateur d'air plutôt que de passer ces coups de fil."

Ce faisant, elle suit le conseil que Kristin Bianchi, psychologue du Center for Anxiety and Behavior Change, dans le Maryland, donne aux gens qui ont la possibilité de prendre des congés.

"Comme on ne sait pas précisément quand les incendies et la pandémie prendront fin, il importe de conserver son énergie et de connaître ses limites", nous confie cette dernière. "On est davantage susceptibles de tomber malade ou de se blesser quand le stress se prolonge. Quand des activités fondamentales comme manger, dormir ou prendre soin de soi deviennent difficiles ou sont carrément mises en péril, envisagez de prendre quelques jours de congés pour récupérer, si vous le pouvez.

Les incendies à San Francisco en septembre 2020 © Abaca
Il est essentiel de conserver votre énergie

Pour Karen González-Ruezga, représentante pour une société de services de restauration qui vit dans le comté de Kern, en Californie, prendre des congés n'est pas envisageable, en dépit de la mauvaise qualité de l'air due aux incendies qui sévissent dans les environs. Son employeur a beau s'être montré indulgent, elle dit "ressentir malgré tout le stress de la performance."

Elle n'est pas employée de bureau : elle passe sa vie au volant, à se déplacer d'établissement en établissement. "Quand je suis en déplacement, je passe au moins quatre heures à respirer un air de mauvaise qualité", souligne-t-elle. Quand elle rentre chez elle pour la pause-déjeuner, elle explique que c'est aussi l'occasion pour elle de mieux respirer.

Ses priorités changent tous les jours, si ce n'est toutes les heures, entre son travail et son fils de trois ans, dont elle s'occupe. "Bien sûr, à long terme, ma priorité sera toujours mon enfant, mais garder mon emploi y participe. Je dois être en mesure de subvenir à ses besoins."

Se vider l'esprit

Quand c'est possible, elle conseille aux parents actifs qui se retrouvent dans la même situation qu'elle de prendre du temps pour eux, afin de faire des activités comme de l'exercice physique ou de simplement rester assis sur le canapé pour faire le vide dans leur esprit. D'après elle, ce genre de pauses peut être essentiel pour conserver sa santé mentale en ces temps incertains.

"Je me suis rendu compte que si je m'accorde cinq petites minutes pour souffler ou méditer quand je me sens dépassée, si je prends ce temps pour moi, je suis dans les meilleurs dispositions possibles pour poursuivre ma journée", poursuit-elle.

Pour Kristin Bianchi, il est absolument essentiel que les personnes actives acceptent qu'en se concentrant sur leur santé, elles auront moins d'énergie à consacrer à leurs tâches professionnelles.

"Faites preuve d'indulgence envers vous-même", conseille-t-elle. "Quand on accepte que les facteurs conjoncturels vident nos batteries, on risque moins de s'en vouloir si la qualité de notre travail ou notre productivité baisse."

Selon elle, il faut que les personnes actives cernent leurs limites et sachent ce qu'elles sont en mesure de faire ou non pour leur employeur en ce moment.

"Les conditions évoluent, et certains projets sont susceptibles d'être modifiés ou annulés brutalement. Plus on communique ces paramètres de manière claire, calme et neutre, moins le changement sera stressant quand il adviendra."

Contacter des personnes

Lara Hogan estime qu'il a été utile de communiquer sur les réseaux sociaux avec d'autres habitants de Portland qui pouvaient témoigner de ce qu'elle vivait et lui dire : "Oui, c'est vraiment aussi terrible que ça" ou "la situation est désespérée et terrifiante".

Trouver une communauté qui favorise votre bien-être est primordial, car il est avéré que vivre une crise climatique nuit à la santé mentale. Katie Hayes, chercheuse spécialisée dans les effets psychologiques du changement climatique, a démontré que les phénomènes météorologiques extrêmes (plus fréquents et intenses du fait du réchauffement climatique) peuvent exacerber les maladies mentales et engendrer, entre autres symptômes, trouble de stress post-traumatique, anxiété, dépression, sentiment d'épuisement et de stagnation, ou encore traumatisme par procuration.

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