Le 11 décembre dernier, une entreprise de tampons américaine, Kotex, faisait un rappel de produits aux États-Unis et au Canada. La raison officielle évoquée par Kimberly-Clark, sa maison mère, dans un communiqué : "Un défaut lié à la qualité qui pourrait avoir une incidence sur les performances de ce produit."
Le défaut en question : des consommatrices se sont plaintes du fait que les tampons se soient désagrégés dans leur vagin. Le nettoyage des bouts de ces tampons ayant parfois nécessité le recours à un·e médecin.
C'est ce qu'explique le même communiqué un peu plus loin : "Kimberly-Clark a reçu des signalements de consommatrices utilisant [des tampons de la marque] s'effilochant et/ou se désagrégeant lors du retrait et, dans certains cas, obligeant les utilisatrices à consulter un médecin pour retirer les morceaux de tampon laissés dans le corps. Un petit nombre d'infections, d'irritations vaginales, de lésions vaginales localisées et d'autres symptômes ont également été signalés."
Atterrée par cette situation, une représentante démocrate de l'Assemblée de l'État de New York, Linda Rosenthal, veut faire passer une loi pour que les fabricant·es révèlent sur leurs boîtes la composition de leurs produits en vente dans l'État. La loi, si elle devait passer en mars, serait une première aux États-Unis.
Comme le dit cette femme, "quand c'est flou, il y a un loup". Et c'est à peu de chose prêt ce qu'exprime Linda Rosenthal au Huffington Post : "Je pense que, généralement, si vous avez peur de révéler quelque chose, c'est que cela ne doit pas être si bon que ça".
En France également, le manque de transparence sur la composition des protections périodiques ne laisse pas indifférent·e. En juillet 2018, L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a rendu ses conclusions sur la composition et la dangerosité des protections périodiques vendues en France.
Elle avait conclu à la présence de dioxines, des furanes, du lindane, de l'hexachlorobenzène et du quintozène dans les serviettes et les protège-slips, par exemple : "Un certain nombre de substances trouvées dans ces protections intimes sont des perturbateurs endocriniens suspectés [...] D'autres sont considérées comme des "sensibilisants cutanés connus ou suspectés".
Les tampons testés contiennent eux aussi des dioxines ou des phtalates. Malgré tout, l'agence concluait à une "absence de risque sanitaire".
En effet, les protections périodiques en Europe ne sont pas considérées comme des dispositifs médicaux mais sont vendues sous les mêmes conditions que du papier toilette par exemple. Pourtant, ce sont des produits que les personnes menstruées mettent en contact avec des muqueuses.
En 2015, une étudiante de 19 ans, Mélanie Doerflinger, lançait sans succès une pétition pour demander une plus grande transparence sur la composition de ces produits. Un manque épinglé par l'Anses dans son rapport de juillet.
Si aux États-Unis Linda Rosenthal se bat pour la santé des femmes en demandant aux fabricant·es la composition de ces produits, elle milite également pour la fin de la précarité menstruelle.
En mars 2018, cette même membre de l'Assemblée de l'État de New York a fait passer le "TAMP Act", le Total Access to Menstrual Products Act (la loi pour l'accès total aux produits menstruels).
Elle oblige toutes les toilettes féminines de l'Etat à fournir des protections periodiques gratuitement : "Le papier toilette est toujours présumé dans toutes les toilettes [...] Pourquoi n'y aurait-il pas des produits pour aider la moitié de la population à faire face à leur fonction biologique ? Ça n'a pas de sens. Si vous pouvez vous attendre à du papier toilette, vous devriez pouvoir vous attendre à des produits menstruels."
Linda Rosenthal a également fait passer une loi pour la fourniture gratuite de protections périodiques dans les prisons de l'Etat de New York.
Dans ce même entretien au Huffington Post, elle parle d'un retard dû au manque de fonction politique exercée par des femmes : "Si les femmes avaient été responsables dès le début, je pense qu'il y aurait déjà eu des produits d'hygiène menstruelle dans toutes les toilettes."