Les pussyhats sont de retour. Samedi 18 janvier, les bonnets tricotés qui avaient transformé les métropoles américaines en une marée rose en 2017 ont resurgi sur les têtes des manifestant·es, à l'occasion de la quatrième Women's March depuis l'investiture de Donald Trump. Dans tout le pays, sur 250 points de ralliements, des milliers de femmes et un bon nombre d'hommes se sont rejoints pour dénoncer l'urgence de la situation actuelle, comme chaque mois de janvier depuis quatre ans.
Droits des femmes, avortement, changements climatiques, immigration, les nombreuses revendications pouvaient se lire sur les pancartes inspirées des protestant·es. "I support men's rights to STFU" (Je soutiens le droit des hommes à se la fermer), "We need to talk about the elephant in the womb" (Il faut qu'on parle de l'éléphant (symbole des Républicains, ndlr) dans l'utérus), "So much wrong, so little poster" (Trop de choses qui ne vont pas, trop peu de place sur cette pancarte), ou encore "These boobs are made for marching" (Ces seins sont faits pour marcher, en référence au morceau féministe de Nancy Sinatra, "These Boots Are Made For Walkin'").
Et si les raisons qui ont soulevé la foule ce week-end restent diverses, un point commun demeure : le président - qui a aussi écopé de son lot de caricature.
"Tout tourne autour de Donald Trump", a déclaré Laurie Kaczanowska, procureure à la retraite venue manifester avec des ami·es, au New York Times. "Cette marche porte sur les nombreux problèmes auxquels sont confrontées les femmes et les familles, et les changements climatiques sont bien entendu au premier plan. Mais ici et maintenant, nous devons faire attention à protéger la démocratie de notre République. Parce que je pense qu'elle est en danger."
C'est un fait, depuis l'arrivée à la Maison Blanche de l'homme d'affaires new-yorkais, les mesures rétrogrades, xénophobes et anti-écologiques n'ont fait que pulluler aux Etats-Unis. Projets de loi anti-avortements dans plusieurs Etats républicains dont la Géorgie ou le Missouri, retrait des Accords de Paris, détention d'enfants immigrés aux frontières... Un mandat qui ne fait que détériorer les conditions de vie des femmes, des minorités et des citoyen·nes les plus démuni·es. Mais un mandat qui touche à sa fin.
En novembre 2020, les Etats-Unis éliront un·e nouveau·elle président·e. Et pour beaucoup, l'événement sonne comme la possible sortie d'une ère obscure. Les opposant·es aux Républicains auront d'ailleurs l'occasion de choisir leur candidat lors des primaires démocrates, le 3 février. Bernie Sanders, Joe Biden ou Elizabeth Warren se disputent les premières marches du podium, proposant une politique progressiste et plus inclusive, aux antipodes de celle de Donald Trump. Jusqu'ici, Joe Biden reste en tête avec 29 % des voix selon un sondage mené par Morning Consult pour BFM, suivi par Bernie Sanders avec 23 % des interrogé·es et plus loin, Elizabeth Warren, qui ne remporterait que 14 % du suffrage. Et si l'on en croit les récents sondages apparus dans les médias outre-Atlantique, ils et elle sortiraient chacun vainqueur face au président sortant dans les Etats-clés du Michigan, du Wisconsin et de la Floride.
Des prévisions qui, si elles se réalisent, pourraient bien signer la fin des Women's March. C'est en tout cas ce qu'espère Cristina, manifestante américaine qui se confie à Libération : "Ça a été trois années tumultueuses, j'ai vraiment hâte d'être en novembre et de laisser l'ère Trump derrière nous". Thomas Muccioli, activiste qui a notamment travaillé pour la campagne d'Alexandria Ocasio-Cortez, est lui aussi confiant : "Les droits reproductifs ont été fortement malmenés sous l'administration Trump, les inégalités salariales persistent... Mais je suis optimiste". Réponse le 3 novembre prochain.