Une certaine idée de l'enfer. C'est ainsi que l'on pourrait résumer le témoignage qu'a eu le courage de délivrer sur le plateau de Touche pas à mon poste la romancière et chroniqueuse Géraldine Maillet à propos de son expérience des soirées/week end d'intégration et du bizutage en prépa HEC.
"Il ne faut pas sous-estimer la violence et les dégénérés dans les week-end d'intégration comme ça quand on est en classe prépa", tacle la journaliste. Avant de décrire sa propre expérience, qui en dit long sur une misogynie très "inventive" et carrément érigée en système. On l'écoute : "Sur la place du Trocadero, j'étais dans un sac poubelle, j'avais les mains attachées derrière, et on m'avait demandé de faire des fellations aux statues. On avait mis de la chantilly sur toutes les statues du Trocadero, on passait à tour de rôle".
Une manière de dénoncer les violences qui ont encore cours dans de telles structures....
"C'était très humiliant, j'avais eu du mal à supporter le truc", se souvient encore la personnalité médiatique. Ce 19 septembre, Géraldine Maillet n'a rien caché de ces bizutages éprouvants. "Bizutage", un mot bien utile pour euphémiser des humiliations, des violences physiques, sexuelles, psychologiques...
Un témoignage déployé en réaction à des faits plus récents : l'alerte de la Fondation 30 millions d'Amis, s'indignant à juste titre de la vidéo d'un jeune homme, lors d'une soirée d'intégration en classe préparatoire du Lycée Thiers de Marseille, filmé en train de mettre dans sa bouche une souris vivante avant de la mâcher et de la tuer à coups de dents. Une plainte pour acte de cruauté a été déposée.
Même en pleine époque #MeToo, les violences faites dans le cadre de ces soirées perdurent. C'est ce que démontre le journaliste Iban Raïs dans son enquête La Fabrique des élites, dédiée aux prestigieuses écoles de commerce. A France Inter, l'auteur raconte : "Dans ces soirées le filles doivent faire attention à l'image qu'elles donnent, et surtout normaliser les remarques sexistes et les agressions qu'elles peuvent subir".
"On maltraite les élèves, on les insulte, on leur jette de la nourriture. Le but, c'est de casser la personnalité de ces étudiants pour les faire rentrer dans le moule. [...) Des centaines d'étudiantes sont démunies et perdues. Quand elles subissent une agression sexuelle ou un viol, elles ne savent pas aujourd'hui encore vers qui se tourner et comment elles vont pouvoir obtenir réparation".