Aujourd'hui, quand on pense aux sorcières, on imagine un portrait un peu caricatural. Une sorcière doit se démarquer dans une foule, il y a des signes faciles à repérer pour nous, pauvres mortels : chapeau pointu, teint blafard, chaudron, longs vêtements noirs, animaux domestiques de type chat noir ou corbeau... Bref, on ne se fait pas avoir facilement.
Et pourtant, en 1692, lors du fameux procès des sorcières de Salem, il en fallait bien moins que ça pour se faire pointer du doigt et risquer la pendaison ou le bûcher. Si vous vous demandiez quelles étaient vos chances de vous faire accuser d'avoir pactisé avec le Diable en 1692, voici dix éléments qui vous auraient mis dans le colimateur des juges.
Bon, ben déjà, c'est bien parti puisqu'il vous suffit d'arborer une paire de chromosomes X pour avoir l'air suspect. Si des hommes ont aussi été accusés de sorcellerie, c'était quand même majoritairement sur les femmes que ça tombait. Puisque de toute façon, la femme est (globalement) à l'origine de tous les péchés du monde, ça met déjà un sacré bâton dans les roues de votre défense.
La personne la plus jeune à avoir été condamnée pour sorcellerie n'avait que... quatre ans. Elle s'appelait Dorothy Good et était la fille de Sarah Good, une autre femme accusée de sorcellerie. Si sa mère a été pendue, la fillette elle n'a passé "que" quelques mois en prison avant d'être libérée. Malheureusement, l'expérience l'a tellement traumatisée qu'elle a perdu la tête.
Vous vous êtes réjouies en vous croyant à l'abri maintenant que vous commencez à compter vos premières rides ? Calmez-vous vite, c'est pas près de s'arranger. La personne la plus âgée à avoir été exécutée pour sorcellerie lors de ce procès était Rebecca Nurse, 71 ans. Comme quoi hein, qu'on ait pas encore toutes ses dents ou qu'on les ait déjà toutes perdues, c'était pas gagné...
Sarah Good, la mère de la petite Dorothy, s'est attiré les foudres de son voisinage parce qu'elle allait régulièrement frapper à toutes les portes pour mendier. Résultat, personne ne lui faisait vraiment confiance et ça a fait de la pauvre femme une cible toute désignée pour les accusations de sorcellerie. Comme ça, on suit le mouvement, et en plus on se débarrasse de la reloue qui vient réclamer un quignon de pain tous les quatre matins, hop, d'une pierre deux coups.
Je vous vois pousser un soupir de soulagement devant votre compte en banque dans le vert, mais ne criez pas victoire trop tôt. Si vous êtes le genre de femme qui ne dépend de personne financièrement et qui s'en sort très bien sans papa-maman ou sans conjoint, alors pas de bol, vous êtes probablement une sorcière. Il faut dire qu'en 1692, on en était pas encore à parler droit de vote et chéquier personnel hein, donc il ne fallait pas trop chercher à sortir du moule. Résultat, une femme indépendante financièrement avait forcément un mécène caché quelque part. Un mécène du nom de SATAN. Ben ouais.
Vous n'êtes pas trop du genre à vous laisser marcher sur les pieds vous hein, ça se sent. Non mais je vois bien quel genre de femme vous êtes, à répondre aux hommes, à n'en faire qu'à votre tête, à prendre des décisions toute seule concernant votre corps et votre vie... SORCIERE !
Alors comme ça on a décidé d'élever une famille nombreuse ? Non mais c'est chouette hein, ça crée de l'animation, de l'amour, des beaux souvenirs, tout ça. Sauf qu'en 1692, une extrême fertilité pouvait vous attirer des soupçons de sorcellerie, parce que ce n'est pas normal que vous parveniez à concevoir autant d'enfants - et qu'ils survivent, qui plus est.
Non, ne commencez pas à vous croire en sécurité avec votre enfant unique ou pas de bambin du tout, parce que là encore, ça peut poser problème. Parce que si en cas de famille nombreuses, on soupçonnera le Diable de s'en être mêlé, c'est également le cas si vous avez un peu de problème à concevoir, il est forcément venu mettre son nez dans votre utérus pour le maudire.
Vous êtes fière de votre super bande de copines soudée ? Eh ben faites gaffe, on pourrait bien vite vous accuser d'avoir monté votre propre sabbat. À l'époque, tout groupe de femmes se réunissant sans la présence d'un homme pouvait se retrouver accusé de se retrouver pour vénérer le diable. Donc la prochaine fois que vous aurez envie d'aller boire des cosmos entre potesses, faites attention à bien sortir sous la tutelle d'un camarade de sexe masculin.
À plusieurs reprises lors des procès, la présence de produits laitiers périmés chez les accusées a été citée comme preuve d'actes de sorcellerie. Donc je sais bien qu'on dit tous que la date de péremption sur un yaourt ne correspond pas réellement à la date limite de consommation et qu'on peut le manger quelques jours après, mais dans le doute soyez quand même vigilante. Ce serait dommage de se faire condamner pour une histoire de lait caillé.
Ce ne sont évidemment que dix exemples parmi les dizaines d'autres prétextes bidons utilisés pour accuser les gens de sorcellerie à l'époque, mais ça vous fait déjà une bonne base pour éviter de tomber sous le coup de la justice suite à un vilain malentendu. Et pour celles qui ont toujours rêvé d'être des sorcières, vous pouvez désormais afficher ce statut clairement, c'est vachement plus facile d'en être une que ce qu'on a bien pu vous faire croire.