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Comment devenir surveillant pénitentiaire ?
Publié le 23 novembre 2010 à 08:45
Par Marie-Laure Makouke
A 34 ans, Valérie Brunet est première surveillante pénitentiaire à la maison d’arrêt de Cahors. Un métier qu’elle n’échangerait pour rien au monde, malgré sa pénibilité et les risques encourus.
Comment devenir surveillant pénitentiaire ? Comment devenir surveillant pénitentiaire ?© AbleStock.com
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Une opportunité à saisir

« Lorsque les grilles de Fleury-Mérogis se sont refermées derrière moi pour la première fois, ça a été un vrai choc. Je n’avais que 19 ans et le sentiment d’être logée à la même enseigne que tous les détenus. Après tout, n’étais-je pas enfermée, moi aussi ? », raconte Valérie Brunet. Un malaise qui se dissipera peu à peu pour laisser place à la passion du métier. Pourtant, rien ne prédestinait la jeune femme à devenir surveillante pénitentiaire. « En 1994, alors que je venais d’obtenir mon baccalauréat en comptabilité, l’opportunité de passer le concours de gardien de la paix-surveillant pénitentiaire s’est présentée. Mes proches m’ont vivement conseillé de m’y présenter pour pouvoir partir. Etant originaire de Lannemezan, une petite ville des Hautes-Pyrénées, mes chances de trouver du travail sur place étaient presque inexistantes. » Valérie passe donc le concours. Elle est admise du premier coup ! « S’en est suivi un stage à Marseille puis huit mois de formation à l’EAP (Ecole d'administration pénitentiaire) de Fleury-Mérogis au cours desquels j’ai découvert les différents aspects du métier. Des risques encourus aux méthodes de réinsertion des personnes incarcérées, sans oublier les cours de droit : rien n’a été négligé.» Quinze ans plus tard, Valérie, 34 ans, est devenue première surveillante à la maison d’arrêt de Cahors. Et lorsqu’on lui demande en quoi consiste son métier, elle précise être chargée de la garde mais aussi de la réinsertion des personnes qui lui sont confiées. « Il ne s’agit pas simplement de surveiller des détenus. La plus grosse partie du travail consiste d’ailleurs à tout mettre en œuvre pour qu’ils bénéficient de la meilleure réinsertion possible afin de limiter les risques de récidive. »

La pénitentiaire : une grande famille

Bien sûr, en quinze ans, beaucoup de choses ont évolué. « Aujourd’hui plus qu’hier, tout est basé sur la réinsertion. Nous avons davantage recours à la surveillance à distance grâce aux bracelets électroniques. Parallèlement, par souci d’économie, il y a de moins en moins de postes créés alors que la population carcérale ne cesse d’augmenter et est de plus en plus difficile à gérer. » Une difficulté qui n’effraie pourtant pas la trentenaire qui a « commencé chez les femmes. Dans l’imaginaire collectif, les prisonnières sont plus calmes. C’est faux ! Elles sont continuellement en demande, repoussent sans cesse les limites. Du coup, nombreuses sont les surveillantes qui préfèrent être affectées dans des prisons d’hommes. Une situation parfois difficile à gérer car une femme ne peut fouiller un détenu du sexe opposé, par exemple. Elle devra donc souvent être accompagnée : une charge de travail supplémentaire pour leurs collègues masculins ». Mais, « le monde pénitentiaire étant une grande famille, l’entraide et la solidarité y sont très présentes. » D’ailleurs, c’est à Fleury-Mérogis que Valérie a rencontré son époux. « Lui aussi est surveillant pénitentiaire !» Un avantage de taille si l’on en croit la jeune femme. « Nous faisons un métier difficile. C’est important de pouvoir raconter sa journée et ses difficultés à quelqu’un qui sait vraiment de quoi on parle. »

Un métier aux multiples possibilités

Les journées, parlons-en justement. Dans la pénitentiaire, aucune ne se ressemble. Et pour cause « la routine est un danger ! Les surveillants doivent toujours être sur leurs gardes pour pouvoir détecter un détenu suicidaire, agressif ou un simple changement d’humeur. Bien sûr, comme dans toutes les professions, certaines tâches sont immuables comme le comptage, la promenade, la vérification des barreaux, etc.». Quant aux horaires, ils sont différents d’une maison d’arrêt à l’autre. En effet, chaque établissement a sa propre organisation même si tous fonctionnent jours et nuits, sans interruption. « Mes journées commencent au plus tôt à 7 heures et s’achèvent, au plus tard, aux environs de 19 heures. Mon premier réflexe est alors d’enlever mon uniforme, de me doucher et de retrouver mes enfants, mon mari. Nous sommes confrontés à la misère et à l’agressivité 8 heures par jour, c’est donc vital d’avoir des rituels pour faire le vide une fois chez soi. »
La profession de surveillant pénitentiaire est difficile, c’est incontestable. Pourtant, Valérie Brunet est définitivement conquise par celle-ci. « Peu de gens le savent, mais ce métier est très varié. Il est possible de travailler avec les plus jeunes, si on a la fibre sociale, comme avec des plus âgés, avec des hommes ou des femmes. On peut être affecté au Greffe, être chargé de l’application des peines ou encore du placement des surveillants. Quant aux perspectives d’évolution, elles sont nombreuses. Un surveillant peut être promu premier surveillant, puis intégrer le corps d’officiers ou celui de directeurs.» Un métier aux multiples possibilités, certes, mais qui exige toutefois de nombreuses qualités. Parmi les principales, « la conscience professionnelle, la disponibilité, l’écoute et la patience ».
 

INFOS PRATIQUES :

Description des tâches : Du lever au coucher, le surveillant pénitentiaire accompagne et surveille les détenus au cours de leurs déplacements et de toutes leurs activités (réveil, appel, promenade, exercice sportif, travail en atelier, activité socio-éducatrice, visite au parloir, douche…) Il acquiert parfois une spécialité : surveillance extérieure, service photo, lingerie, cuisine. L’une des principales missions du surveillant consiste aussi à favoriser toute action de future réinsertion pouvant s’organiser à l’intérieur de la prison.
Toutefois, le métier comporte des risques réels liés aux spécificités de la population carcérale. La pression de la hiérarchie est également présente afin de contrôler le comportement du personnel qui, en certaines circonstances, pourrait déclencher des violences extrêmes de la part des détenus.

Formation : Le métier de surveillant pénitentiaire est du ressort du ministère de la Justice. Le recrutement s’effectue donc par concours administratif. Les conditions à remplir pour s'y présenter sont les suivantes : avoir un casier judiciaire vierge, être de nationalité française, être âgé d’au moins 19 ans, être titulaire d’un diplôme de niveau CAP et du diplôme national du brevet. Après le concours, la formation professionnelle s’effectue en 8 mois à l’Ecole nationale de l’administration pénitentiaire (ENAP). Le programme de l’école comprend du droit pénitentiaire, de la gestion du stress, des techniques d’intervention, de la connaissance des populations prises en charge et des stages pratiques en établissement pénitentiaire.

Salaire : L’élève surveillant à l’ENAP est rémunéré pendant sa période de formation : aux environs de 1 400 € brut par mois avec les primes de stage. Le surveillant débutant en titre est payé 1 500 €. Un surveillant brigadier commence à 1 710 € mensuels.

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