Judith Godrèche a porté plainte contre le cinéaste Benoît Jacquot pour "viols avec violences sur mineur de moins de 15 ans commis par personne ayant autorité". Elle a également témoigné dans les médias de violences physiques, sexuelles, psychologiques, qui se seraient prolongées sur plusieurs années.
Une "affaire" très médiatisée. Plus encore depuis le discours de l'actrice, aux César, le 23 février dernier. "Serait-il possible que nous puissions regarder la vérité en face, prendre nos responsabilités ?", s'était elle exprimée. "Depuis quelque temps, je parle, je parle, mais je ne vous entends pas. Ou à peine. Où êtes-vous ? Un chuchotement, un demi-mot, ce serait déjà ça"
Faut-il envisager certaines actualités comme une nécessité de "prendre ses responsabilités" ? Toujours est-il que ce 4 mars, la projection d'un film de Benoît Jacquot a été annulée à la Cinémathèque française. Il s'agit du film Les ailes de la colombe, récemment restauré, sorti en 1981 et porté par Isabelle Huppert.
Cette projection devait originellement avoir lieu le 13 mars prochain à 14h. Et être suivie d'une rencontre avec la directrice de la photographie Caroline Champetier, relate Libé. Cette décision a fait réagir...
La déprogrammation d'un film de Benoît Jacquot, une bonne idée ? Malgré la prise en considération des mots de Judith Godrèche, les opinions divergent. "Il faudra tout de même arriver à séparer l'oeuvre de l'auteur sinon on peut brûler quasiment tous les films et livres écrits par des hommes", "Boycotter oui, censurer non", peut-on lire. Alors que des militantes féministes saluent le geste, certains évoquent les mots "cancel culture". Un débat qui est commun à la diffusion des oeuvres de bien des cinéastes, comme Woody Allen.
Judith Godrèche a également accusé un autre cinéaste, Jacques Doillon, d'agression sexuelle et de harcèlement, faits dénoncés qui auraient notamment pris place durant le tournage du film La fille de quinze ans. La sortie du prochain film du cinéaste a, quelques semaines plus tard, été reportée par son distributeur. Son actrice principale, Nora Hamzawi, a déclaré publiquement sa volonté de ne pas participer à la promotion de cette oeuvre.
"La petite fille en moi ne peut plus taire ce nom. Il s'appelle Benoît Jacquot. Il manipule encore celles qui pourraient associer leurs noms au mien", avait témoigné Judith Godrèche. Mais celle-ci n'a pas été la seule actrice à témoigner des attitudes présumées de Benoît Jacquot. Au Parisien une autre comédienne s'est exprimée : Isild le Besco.
La soeur de Maiwenn le Besco, également réalisatrice de plusieurs films, accuse le cinéaste de violences physiques et psychologiques. Elle dénonce une relation d'emprise "destructrice", alors qu'elle n'avait que 16 ans et le cinéaste... 52. "C'est compliqué de rayer toute une personne et tout ce qu'on a vécu avec cette personne. Parce qu'on a tellement honte qu'on se sent responsable du comportement des autres", a-t-elle témoigné.