Judith Godrèche a ouvert une brèche en portant plainte contre le metteur en scène Benoît Jacquot, pour "viols avec violences sur mineur de moins de 15 ans commis par personne ayant autorité". Elle dénonce une entreprise de "prédation", des violences physiques, sexuelles, psychologiques diverses. Mais elle est également revenue sur ce que lui aurait fait subir un autre cinéaste, Jacques Doillon. Elle relate notamment des agressions sexuelles qui auraient pris place dans le cadre de son film, La fille de 15 ans.
Des témoignages qui ne semblent pas convaincre une consoeur comédienne : Anny Duperey. L'actrice de "Une famille formidable" s'est exprimée sur RTL : "Peut-être que j'ai eu de la chance. C'est comme ça, je n'avais pas le profil de la victime. Je vais me faire taper dessus, mais je pense que tout ça est extrêmement exagéré. Quand même six ans avec un réalisateur... Sous emprise, je veux bien, mais quand même consentante, non ? Je ne sais pas trop quoi penser de ce truc-là, mais je n'aime pas trop ces chasses aux sorcières tardives comme ça"
Des propos qui ont fait réagir Alexandra Lamy. Fortement !
Sur Twitter, Alexandra Lamy a poussé un coup de gueule bien légitime : "Madame Duperey, vous voulez dire à toutes ces femmes que vous n'aimez pas les chasses aux sorcières tardives, mais ce ne sont pas des sorcières, ce sont des violeurs, des criminels. Il faut dire à toutes ces victimes que vous n'aimez pas la chasse aux violeurs et aux criminels !. C'est cela le vrai mot pas sorcières, mais violeurs, criminels".
"Merci Mme Duperey au nom de toutes les victimes, de toutes celles qui ont le courage de parler de leur demander maintenant de se taire parce que ça fait trop longtemps"
Rappelons les faits. Judith Godrèche porte plainte contre Benoît Jacquot. Lors de leur rencontre, ce dernier avait 40 ans et Judith Godrèche, 14. Une longue enquête du "Monde" est dédiée à son témoignage. Judith Godrèche y relate notamemnt des "jeux sexuels" non consentants : "Chez lui, il me dit d'enlever mon pull, qu'on va faire un jeu sexuel. Je dois me mettre sur l'escalier, dos à lui et fermer les yeux. Il prend sa ceinture, se met à me fouetter. Je le laisse faire un coup, deux coups, mais je ne peux pas ".
Mais également, diverses violences physiques, comme des gifles. Elle évoque aussi des "rapports sexuels brutaux". Le Monde : "Judith Godrèche subit des rapports bucco-génitaux qui la " dégoûtent. Chaque fois qu'elle a ses règles, c'est même " obligatoire " : " Pour mes 15 ans, il décide que je dois jouir quinze fois, je n'ai pas le choix. Je fais semblant le plus vite possible. " Idem pour les fellations à répétition qu'elle explique se faire imposer"
Les mots d'Alexandra Lamy à l'unisson résonnent comme un "Assez !", un besoin d'écouter les victimes, davantage que de plaider en faveur des accusés. L'actrice dénonce également l'usage du terme "bonne victime", comme de celui de "chasse aux sorcières". Des mots très employés lorsqu'il est question de critiquer la révolution #MeToo. Relire Rose Lamy !
La militante féministe et instigatrice du compte Préparez vous pour la bagarre explique à Terrafemina : "Quand on parle de MeToo l'expression "chasse aux sorcières" est détournée de son sens premier. C'est hallucinant, non ? De renvoyer à un génocide historique qui a pris place en Europe et a causé la mort de centaines de milliers de femmes condamnées pour leur genre, en prétendant que ces femmes, justement, feraient la même chose en condamnant des crimes".
"Un autre terme régulièrement employé est celui de "délation", qui a complètement supplanté celui "d'accusation". "Délation" est passé comme une lettre à la poste dans beaucoup d'interventions et d'articles. Et personne pour en revenir à la racine du mot, désignant une pratique antisémite et méprisable revenant à envoyer des personnes opprimées à la mort. Là, on est en plein dans l'inversion de sens"