"J'ai déjà subi des comportements déplacés sur un tournage, évidemment", dénonce Alexandra Lamy

Alexandra Lamy est féministe et le revendique. 

Ce n'est pas un gros mot pour l'actrice présente lors des mobilisations Nous Toutes chaque année, contre les violences sexistes et sexuelles faites aux femmes. Elle soutient depuis plusieurs années la libération de la parole des victimes, permise par le mouvement #MeToo. Et n'hésite pas à tacler le sexisme ordinaire. La comédienne s'est d'ailleurs largement exprimée à ce propos dans nos pages. 

Et c'est un nouveau témoignage qu'elle nous offre aujourd'hui.

"J'ai déjà subi des comportements inappropriés sur un tournage, bien sûr...", affirme-t-elle sans détour dans le talk In room with. "...et je pense qu'il n'y a pas une femme qui ne peut pas vous dire qu'elle n'a pas été confrontée au sexisme, qui n'a pas été agressée, harcelée, humiliée"

Des mots forts. Et la star ne s'arrête pas là...

#MeToo a investi, lentement mais sûrement, le cinéma français.

Et ce grâce à bien des voix. Celle d'Adèle Haenel naturellement, dès 2020. Cinq ans de batailles auxquels sont venus s'accorder les voix indignées au diapason de Judith Godrèche, Anna Mouglalis, les très nombreuses victimes présumées de Gérard Depardieu...

Et pourtant, dans cette interview, une question curieuse est lancée, qui ne prend pas en compte ces noms : #MeToo n'a-t-il pas fait depuis 2017 du mal aux hommes, qui "n'osent plus rien faire" ? Drôle d'interrogation, mais qui fait écho à une réelle enquête, récente, et bien plus inquiétante : selon ce rapport, 37% des hommes en France considèrent que le féminisme est "une menace". Le Haut conseil à l'égalité femmes/hommes déplore une diabolisation des luttes pour l'égalité des sexes. 

Récemment encore, Florence Foresti affirmait d'ailleurs : "J'ai envie d'apporter un peu de nuance. J'avais envie de rendre hommage à une certaine partie de la population masculine que je connais et que je fréquente, ces hommes qui sont de l'autre côté, féministes et qui sont la grande majorité des hommes, faut pas déconner !". C'est la rengaine, sempiternelle, du "Not all men". 

Mais cela fait réagir Alexandra Lamy...

"L'homme, quand il se trouve en groupe, il a une virilité mal placée. Ce ne sont pas des 'lourdeurs', comme on dit... Il doit être capable de dire à son pote : bon, tu lui as demandé trois fois, elle a dit non, tu arrêtes maintenant !", tacle la comédienne. "Il y a toujours cette histoire de virilité chez les hommes". Alexandra Lamy l'affirme aussi volontiers : la fameuse tribune prônant "la liberté d'importuner", signée Catherine Deneuve, très peu pour elle...

Et l'actrice de se réjouir à l'inverse des dernières révolutions féministes, qui sont notamment venues bousculer le cercle très fermé du cinéma, régi par divers rapports de pouvoir : "Ce qui est merveilleux aujourd'hui c'est qu'on réussit à en parler, à le dire ! Aujourd'hui, les femmes ne se laissent plus faire !"

A ces propos, certains réagissent volontiers par le sarcasme voire l'insulte en commentaires, critiquant la crédibilité de sa parole, l'obligeant à "lâcher des noms", ou même, posant quelques remarques sur... Son physique, oui oui. Difficile d'être plus hors sujet.

Cependant, une spectatrice félicite la prise de parole d'Alexandra Lamy et s'indigne de ces reproches volontiers masculins : "on trouvera toujours des mecs pour invalider la parole d'une femme, alors quelle ne dit que des vérités... c'est quand même incroyable !"

CQFD.