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Ashleymadison.com : l'infidélité programmée peut-elle séduire les Français ?
Publié le 24 octobre 2012 à 18:41
Par Marine Deffrennes
Le concept du site de rencontre pour aventures extraconjugales est désormais bien connu, mais lui, il l'a inventé. Noel Biderman est venu à Paris présenter la version française de Ashleymadison.com, un service pour inviter sous sa couette l'amant ou la maîtresse idéale sans se faire pincer. Nous, les Frenchies romantiques et amoureuses de l'amour, on se demande bien si on va adhérer. Pour le pape de l'infidélité, c'est déjà gagné, et il nous dit pourquoi.
Ashleymadison.com : l'infidélité programmée peut-elle séduire les Français ? Ashleymadison.com : l'infidélité programmée peut-elle séduire les Français ?© DR
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Terrafemina : Lancé en 2002, ashleymadison.com connaît un vrai succès dans 26 pays (16 millions d’utilisateurs). Qu’est-ce qui vous fait penser que le concept peut marcher en France ?

Noel Biderman : En ce qui concerne l’infidélité, je n’ai jamais visité de ville ou de pays où cela ne se passait pas. Il y a aujourd’hui des endroits dans le monde où l’adultère est interdit par la loi, et même parfois passible de la peine de mort, pourtant même dans ces pays les gens continuent d’avoir des aventures extraconjugales. Aux quatre coins du monde, les couples se trompent, donc il est évident que je n’importe pas en France le concept de l’infidélité. Il est là depuis bien longtemps, il a été introduit par vos dirigeants politiques, vos artistes, mais aussi vos amis et vos voisins. Mon rôle dans tout ça n’est pas de convaincre untel de tromper sa femme, mais de dire : « J'ai la solution qu’il vous faut pour une liaison parfaite avec la bonne personne, et je peux vous aider en même temps à la garder secrète ». Pas de raison que ça ne marche pas en France...

Tf : Vous savez que la France est attachée à sa culture du romantisme et de la séduction. Programmer et organiser l’infidélité, n’est-ce pas lui enlever un ingrédient essentiel, le plus excitant sans doute : la surprise et la peur d’être pris ?

N. B. : (Rires) Je ne sais pas si la peur d’être découvert fait partie du jeu. Je crois que la plupart des gens n’ont pas du tout envie d’être pris… Si vous promettez à une centaine de vos lectrices une aventure parfaite avec la personne idéale sans se faire prendre et sans sentiment de culpabilité, 99% d’entre elles vous répondront « Ok j’y vais ». Ce qui nous empêche principalement de tromper notre conjoint, c’est la peur d’être pris, et je ne pense pas que ce soit un ingrédient excitant de l’adultère. Mais vous avez raison au sujet de la séduction ; je pense que l’art de séduire n’est plus un jeu qui se joue seulement les yeux dans les yeux. En 2012, elle peut avoir lieu sur Internet. Sur Ashleymadison.com, nous proposons ce que nous appelons des « Fantasy date », parce qu’il y a un gros décalage entre le fait de s’envoyer des e-mails et se rencontrer dans un café ou une chambre d’hôtel. Mais imaginez-vous en train de tchater en direct avec ou sans photo, vous pouvez transformer le décor de la pièce virtuelle comme vous le souhaitez, tamiser la lumière, vous retrouver sur une plage ou votre restaurant préféré, et cela en tout anonymat. Il y a beaucoup de séduction possible dans ce moyen de communication. Vous pouvez créer le contact avec le regard, vous pouvez utiliser le langage du corps… Croyez-moi, commencer une liaison sur internet est aujourd’hui à la portée de tout le monde !

Tf : Comment comptez-vous séduire les Françaises et les Français ?

N. B. : Quand vous vous inscrivez sur Ashleymadison.com, vous faites votre propre pub, c’est vous qui dites qui vous êtes. Notre contenu, c’est ce que nos membres écrivent et produisent. Donc la singularité viendra de cette communauté. En France, si l’on se demande ce que cela va donner, ma conviction est que l’on va voir plus de femmes âgées de 30 à 40 ans, alors que dans les autres pays la moyenne d’âge des utilisatrices tourne autour de 20, 25 ans. Je pense que la France va jouer un rôle d’aimant intéressant du fait de cette nature romantique, pour des hommes britanniques ou allemands par exemple, ou pour des Américaines en quête d’un « french lover ». Il est possible que la France devienne une de nos communautés phare, très représentative du concept Ashley Madison.

Tf : Pensez-vous qu’on soit infidèle différemment selon les pays ?

N. B. : Oui, tous les pays ont leur singularité sur le sujet, et le plus fascinant c’est que nous pouvons nous poser en anthropologues du Web. Vous pouvez toujours aller dans une université rencontrer des chercheurs pour en savoir plus sur l’infidélité, ils vous déballeront toute une liste de concepts intéressants, mais j’insiste sur le mot « concept » car en vérité il n’existe aucune étude consistante sur l’infidélité. Il n’est pas facile de trouver des financements pour étudier les sujets liés à la sexualité, et si vous en trouvez, comment voulez-vous étudier l’adultère ? Trouver un nombre représentatif de personnes infidèles est très difficile, en trouver des milliers est pratiquement impossible… Jusqu’à ce que nous lancions nos services, avec des profils anonymes. Pour la France, je serai donc capable de répondre à des questions comme : y a-t-il plus d’infidélité commise dans le Nord ou dans le Sud de la France ? Est-ce que les femmes ont plus d’amants que les hommes de maîtresses ? Sont-ce des infirmières ou des enseignantes qui ont le plus de liaisons ? Le potentiel de données est considérable, puisque nous avons déjà enregistré 8 000 inscriptions en 24 heures le jour du lancement français (le 22 octobre 2012, ndlr).

Tf : Vous avez déclaré à l’époque du lancement de votre site américain que vous aviez dirigé volontairement votre communication vers les femmes, parce que vous n’étiez pas sûr qu’elles adhèrent à vos services, tandis que les hommes…

N. B. : En fait quand nous avons lancé le site, nous avons pris volontairement ce nom Ashley Madison, très féminin et identifié comme tel aux Etats-Unis, avec les couleurs rose et violet. Nous étions convaincus que le plus gros potentiel de croissance de l’infidélité dans les prochaines années se trouvait du côté des femmes, parce que je pense que les hommes disposent de nombreux terrains de jeux, ils en ont toujours eu. Ce que nous observons, c’est que les femmes commencent à adopter les mêmes attitudes que les hommes quand on leur donne les mêmes opportunités. Le premier pas de géant pour que les femmes aient elles aussi des liaisons a été franchi quand elles sont entrées dans le monde du travail. Plus elles rencontrent de monde, plus elles partent en voyage d’affaires, plus elles ont d’indépendance financière, plus elles ont d’occasions… Le second pas de géant c’est internet, qui représente pour elles la possibilité d’être en contact avec des ex sur Facebook, ou de futurs amants sur Ashleymadison.com.

Tf : Dix ans plus tard, quel diagnostic posez-vous sur le(s) visage(s) de l’infidélité dans le monde ?

N. B : Je pense que j’ai vu plusieurs tendances se dégager. Nous avons vraiment commencé comme un site qui aidait les femmes mariées à rencontrer des hommes mariés, puis nous avons vu une évolution ces dernières années. De plus en plus de femmes mariées veulent des hommes célibataires, tout comme les hommes mariés recherchent des femmes célibataires comme maîtresses. Ces hommes et ces femmes se montrent de plus en plus ambitieux dans leur choix, sur les critères physiques, l’âge, le milieu, etc. Nous avons vu aussi apparaître de nouveaux profils sur le site, des femmes sans enfants qui réalisent que leur mariage va mal, mais ne se séparent pas pour autant. Elles tentent d’aller mieux en rencontrant des hommes qui vont les aider à remettre en question leur mariage, voire à l’améliorer. Je dirais qu'environ tous les trois ou quatre ans on voit les choses bouger au sein même de notre communauté, sous l’influence de la technologie ou des évolutions générales de la société.

Tf : Vous utilisez les hommes d’État pour vos campagnes dans tous les pays, Silvio Berlusconi, Bill Clinton, etc. En France, l’affiche a fait polémique. Nos présidents sont-ils de bons clients pour votre communication ?

N. B. : Ils sont des clients parfaits parce qu’ils avaient tant à perdre ! Nous utilisons les hommes d’État parce qu’ils incarnent l’histoire que nous voulons raconter. Ce sont des hommes qui veulent clairement incarner la confiance et le respect vis-à-vis de la nation mais qui recherchent aussi du respect vis-à-vis de leur vie privée. Nous ne devrions pas les juger si sévèrement juste parce qu’ils ont peut-être une maîtresse à leurs côtés, et qu’ils ont aussi une femme et des enfants. Je pense que nous devons être plus compréhensifs envers ces histoires, nous ne savons pas ce qui se passe derrière le rideau d’un foyer. Il s’agit d’encourager à comprendre que toute relation de couple est difficile, et que quand ce genre de liaison adultère se produit, il y a sans doute plus de couples qui restent ensemble après coup que de séparations.

Tf : Les femmes sont les grandes absentes de vos campagnes…

N. B. : Parce que les femmes sont beaucoup plus douées pour ne pas se faire prendre ! (rires) Il n’y a pas assez d’histoires à raconter sur elles, tout simplement. Vous abordez exactement les questions que nous nous posons régulièrement : il y a moins de femmes à la tête des États, il y en a moins qui ont fait parler pour leurs infidélités de couple. Mais cela va changer, comme elles sont de plus en plus nombreuses à assumer de hautes fonctions, le reste va suivre !

Tf : Vous êtes certainement la personne la plus controversée sur le Web et parmi les féministes. Craignez-vous l’accueil des féministes françaises ?

N. B. : En fait je nous vois un peu comme un réseau pro-féministe. Ce que je voudrais que les féministes voient dans nos services, c’est que nous mettons en œuvre une égalité entre les hommes et les femmes. Si les hommes ont le droit de fréquenter des bars à strip-tease, des masseuses ou d’avoir une liaison adultère, alors pourquoi les femmes ne pourraient pas le faire aussi ? Nous leur fournissons les outils sur Ashleymadison.com : l’application, le fantasy date, etc. Tout cela va dans le sens de la libération sexuelle des femmes.

Tf : Vous êtes donc à l’aise avec l’idée que votre femme prenne un amant ?

N. B. : Je suis d’accord avec l’idée qu’au fil du temps, c’est ce qu’il faut faire pour sauver son mariage. Mon point de vue quant à ma vie personnelle est que si ça devenait difficile, si tout le bonheur de ma vie – mes deux enfants que j’adore, ma famille - tout ce qui passe largement au-dessus de ma vie sexuelle, devait être remis en question pour une question de sexe, je ne serai pas prêt à l’accepter. Je ne pourrai pas détruire tout cela, ça n’a pas de sens pour moi. Dire au revoir à mes enfants, les voir une fois par semaine, ne plus voir ma belle-famille, vendre ma maison… Non. Je ferais ce que des millions de personnes font déjà, j’aurais une aventure en espérant que ma femme ne l’apprenne jamais.

Tf : Plusieurs sites ont développé le même concept que vous. Ne pensez-vous pas que la fidélité pourrait redevenir une valeur phare, par opposition à cette promotion de l’infidélité ?

N. B. : On ne m’avait pas encore posé la question sous cet angle... Mais les valeurs dans la société ont toujours évolué. Il y a quelques dizaines d’années, on n’imaginait pas avoir une relation sexuelle avant le mariage. La fidélité pourrait en effet revenir au cœur des valeurs, mais ce que je sens arriver beaucoup plus vite, c’est l’acceptation d’aimer plusieurs personnes en même temps. Le « polyamour », les mariages ouverts vont se généraliser, parce que cela est beaucoup plus adapté à notre condition humaine.

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La campagne Ashleymadison en Italie


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La campagne Ashleymadison aux Etats-Unis

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Ashley Madison : quand la publicité se moque de nos présidents infidèles

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