On n'a pensé qu'à lui, on n'a vu que lui (et sa maman), on n'a tremblé que pour lui, on n'a veillé que pour lui. Qui ça lui ? Eh bien lui, là, le type au radeau...
Et pourtant, il s'est passé hier soir quelque chose d'important aux Oscars 2016 : une quasi inconnue a raflé l'Oscar de la meilleure actrice au nez et à la robe de Jennifer Lawrence, Cate Blanchett et Charlotte Rampling. Brie Larson, actrice somme toute mineure (quelques apparitions dans des séries télé, deux, trois films indés en passant, et une ascension discrète avec des rôles dans les très oubliables 30 ans sinon rien, 21 Jump Street et, plus récemment Crazy Amy), est donc entrée au Panthéon hollywoodien des stars à statuettes dorées sans crier gare, à seulement 26 ans. La dernière fois qu'un truc pareil est arrivé, c'était en 2013 lorsque Jennifer Lawrence, girl next door potelée, poussait ses aînées dans un éclat de rire naïf avant de squatter tapis rouges, marques de luxe et plateaux télé un brin pimpée-relookée.
Couronnée pour son rôle dans Room, le film de Lenny Abrahamson (sortie en France le 9 mars) tiré de l'affaire Elizabeth Fritzl, cette Autrichienne enfermée 24 ans par son père dans une cave sous la maison familiale, Brie Larson en a semble-t-il bavé pour habiter ce personnage au destin tragique. Délestée de nombreux kilos, l'actrice a également fui le soleil de longs mois pour plus de vraisemblance et travaillé au contact de victimes de violences sexuelles. Le tournage, éprouvant, l'a par ailleurs beaucoup rapprochée de Jacob Trembley, le petit garçon de 9 ans qui joue son fils dans le film, qu'elle a d'ailleurs cité dans son discours de remerciement. "Il a été mon partenaire à travers tout ça, dans tous les sens du terme", a-t-elle en effet déclaré, le poing serré autour de la statuette dorée qu'une ribambelle d'aspirantes actrices de Los Angeles lui enviaient alors.
Si sa consécration était prévisible (Larson avait remporté le Golden Globes de la meilleure actrice en janvier dernier et le Bafta en février), la jeune femme n'en reste pas moins très normcore, en témoigne son compte Instagram, plus proche de celui de nos copines que de celui d'une star hollywoodienne ultra-normée. La tête plongée dans une boîte de donuts, en total no-make-up au restau chinois du bout de la rue, sur des peluches à roulettes au centre commercial avec son crew, en cosy style avec des fringues designées par une copine, qu'elle en profite pour mettre en avant ou en train de boulotter une grosse glace en mode unglamour, le moins qu'on puisse dire, c'est que Miss meilleure actrice 2016 ne se la joue pas. Et ça, ça fait vraiment du bien !
Ce que l'on souhaite à Brie Larson ? De continuer de s'éclater avec son groupe (auteur-compositeur, elle a sorti un album, "Finally Out of PE", vendu à seulement quelques milliers d'exemplaires), de choper les rôles de ses rêves et de ne rien changer, surtout. Tremble, J-Law...