Culture
La badass Charlize Theron tacle le sexisme du cinéma d'action
Publié le 29 juillet 2020 à 12:05
Par Clément Arbrun | Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Vous vous souvenez de "Braquage à l'italienne" ? Non ? Normal. Mais Charlize Theron, elle, s'en rappelle. L'espace d'une interview, l'actrice revient sur cette expérience de tournage qui lui a beaucoup appris sur le cinéma d'action. Et surtout... sur son sexisme ordinaire.
Charlize Theron se paie les macho men de l'industrie. Charlize Theron se paie les macho men de l'industrie.© Best Image
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Malgré le charme de son titre français et le charisme sûr de son casting bankable (Mark Wahlberg, Jason Statham, Charlize Theron, Edward Norton), avouons-le, on a un peu (beaucoup) oublié Braquage à l'italienne, énième film de casse à l'américaine tout droit sorti du "cool" propre au début des années 2000. Mais ce n'est pas le cas de son actrice principale, et non. Cela étant, si Charlize Theron se souvient du tournage de cette superproduction de F. Gary Gray, ce n'est pas forcément pour les raisons que l'on imagine. Trigger warning : sexisme.

"C'était tellement insultant !", se remémore-t-elle aujourd'hui le temps d'une interview relayée par le magazine Stylist. La raison de son coup de gueule ? Simple : alors entourée de "gros durs" sur le plateau, la comédienne a constaté que son traitement était bien différent de celui accordé à ses compères masculins. Contrairement à Mark Wahlberg et Jason Statham, elle a effectivement du prouver que, oui oui, elle pouvait tout à fait, elle aussi, être "badass" - et assurer ses prouesses physiques à l'écran. Quitte à être trop infantilisée.

Elle raconte : "J'étais la seule femme avec un groupe de mecs, et je me souviens très bien du moment où j'ai reçu le planning de pré-production. L'équipe m'avait prévu six semaines de plus d'entraînement en voiture". A l'écouter, cette différence notable démontre à quel point "les femmes sont encore si injustement considérées et traitées en ce qui concerne ce genre cinématographique". Et pourtant, de Sarah Connor à Ellen Ripley, les "dures à cuire" iconiques ont fait les beaux jours de l'usine à rêves, et le font encore.

Un paradoxe dur à avaler pour l'artiste.

Je t'aime (pas) à l'italienne
"Braquage à l'italienne", une expérience mémorable pour Charlize Theron. © Paramount Pictures

Bien sûr, Charlize Theron ne s'est pas laissée faire. "Il était très important que je montre que je pouvais me battre, et je pouvais bousculer un mec [...] J'étais genre : 'bien, vous voulez jouer à ce jeu ? Allons-y !'. Et je me suis fait un devoir de tacler tous ces gars", poursuit-elle sur le même ton. Des années plus tard, Theron prouvera d'ailleurs aux professionnels - comme à l'opinion publique - qu'elle peut largement porter sur ses épaules des séquences d'action épiques, en devenant la Furiosa du féministe Mad Max : Fury Road, avant de récidiver avec le pétaradant Atomic Blonde. Histoire de mieux prouver que, non, les actrices ne sont pas de petites choses fragiles.

Et aussi que, bon gré mal gré, les choses évoluent. Même si ça prend du temps. "La bonne nouvelle est que nous avons désormais, en quelque sorte, changé le genre pour les femmes. Nous savons maintenant que le public adore ces films", assure-t-elle. Le succès d'un film comme Birds of Prey en est la preuve : qui oserait désormais douter de la crédibilité d'une héroïne "badass" ? Si ce n'est quelques décideurs à l'esprit un peu trop rétrograde...

A ce titre, ce n'est pas la première fois que Charlize Theron se paie ces macho men de l'industrie hollywoodienne. Souvenez-vous : l'an dernier, la comédienne évoquait les réactions négatives des financiers engendrées par la préparation de son rôle (oscarisé) dans le film Monster. Afin d'incarner la tueuse en série Aileen Wuornos, l'actrice avait effectivement eu un recours à une transformation physique mémorable. Ce qui avait suscité les remarques les plus body-shaming - sur son physique, son sourire, son poids. Devenue depuis une indéniable "action heroine" des temps modernes, l'artiste n'a certainement pas fini de nous dévoiler l'envers (sexiste) du décor.

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