C'est l'histoire d'un mec qui s'est cru chez mémé. Qu'il pouvait tout dire, tout faire. Repousser les limites de l'indécence et du crade sans que personne n'y trouve à redire. Car Cyril Hanouna n'a jamais été réellement sanctionné pour ses insultes, ses séquences d'humiliation, pour l'homophobie et le sexisme à répétition. En dépit des avertissements répétés du CSA, il poursuit sa course aux dérapages. Le roi du nivellement par le bas se croit tout permis.
Sauf que non : tout n'est pas permis (et nous ne sommes pas chez mémé). Et c'est Charlize Theron qui le lui a rappelé de façon magistrale.
Invitée avec son collègue Seth Rogen pour la promo de leur film Séduis-moi si tu peux !, l'actrice sud-africaine a tout simplement halluciné face à la goujaterie de l'animateur. Alors qu'une traductrice entrait sur le plateau, Cyril Hanouna lui ordonne de se placer aux côtés de la comédienne. Charlize Theron se crispe. "Il est très autoritaire", glisse-t-elle.
La mascarade continue. "Nadia, franchement, tu es un amour en tout cas", lance le présentateur à la traductrice. Avant de l'embrasser sur la joue.
"Wow". Charlize Theron tombe des nues. Parce que si sur le plateau de TPMP, on se gargarise de cette chic ambiance de fête du slip, pour les personnes non-averties (et dans la vraie vie), embrasser une inconnue sans son accord et par surprise se révèle problématique.
"Peut-être pourriez-vous lui demander la permission la prochaine fois", assène l'actrice, clairement choquée.
Pan ! sur le bec du coq de basse-cour. Et en passant, une cinglante leçon sur le consentement. Car il semble nécessaire de rappeler à Cyril Hanouna que le corps d'autrui ne lui appartient pas. Il s'agit d'un espace privé, intime. Un territoire qui a ses règles et ses limites. Et empiéter dessus fait de l'animateur un agresseur en puissance. Aussi inoffensif que puisse paraître ce "bisou" sur la joue de la traductrice, il est symptomatique de ces barrières qu'on fracasse sans autorisation. Un "bisou" n'est pas anodin. Qu'il soit sur la joue ou sur les seins (séquence lunaire qui avait déjà entaché Touche pas à mon poste).
Charlize Theron pointe donc la violence de ce baiser "volé", arraché. Et rappelle une règle toute simple que bien des adultes ne semblent jamais avoir apprise : personne ne devrait toucher notre corps si nous n'en avons pas envie. A voir la réaction gênée de la traductrice, on parie qu'elle se serait bien passée de ce bécot qui lui a été imposé sous couvert de "rigolade".
Car si le cirque médiatique hanounesque se plaît à mettre en scène les violences subies au quotidien, les faisant passer pour des "blagounettes", les ricanements vulgaires ne sont en rien des lubrifiants à la brutalité. Elle reste intacte. Et exposée au plus grand nombre, elle se révèle dangereuse.
Il est temps de dire stop. Et c'est ce qu'a fait Charlize Theron avec une classe infinie. Merci.