Chômage des jeunes diplômés : " j'ai le sentiment que la France ne veut plus de nous"
Publié le 29 octobre 2013 à 17:06
Par Terrafemina
Parmi les plus touchés par le chômage, on compte les jeunes diplômés. Selon l’enquête « un an après » de l’AFIJ, en 2012 la moitié des jeunes diplômés étaient toujours sans emploi un an après la fin de leurs études. C’est le cas de notre contributrice du jour. Malgré de longues études et une expérience significative, elle ne trouve pas d’emploi. Aujourd’hui elle en a marre et le fait savoir. Cri de rage d’une jeune diplômée au chômage.
Chômage des jeunes diplômés : " j'ai le sentiment que la France ne veut plus de nous" Chômage des jeunes diplômés : " j'ai le sentiment que la France ne veut plus de nous"© Abaca
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Je suis la génération rejetée. La génération révoltée. Trop jeune, sans ou avec trop d'expérience.

Pour un jeune, trouver un emploi aujourd'hui en France est devenu mission impossible, Tom Cruise en moins.

"Je suis prête à être moins payée"

Honnêtement ce n'est pas uniquement à cause de la crise. Aux yeux de nos aînés, nous sommes ceux pour qui tout est facile. Ils portent sur nous un regard condescendant, lourd de sens : « Mais, t'as 25 ans et tu ne travailles pas ? En fait, tu veux juste toucher le chômage et faire la fête, c'est ça ? » Bien entendu. Quelle glorieuse joie de répondre en soirée, « je fais partie de l'immense famille des chercheurs. Des chercheurs d'emploi. » Quel bonheur de devoir postuler chez Mc Do alors que tu as bac +5 et une bonne expérience.

Voilà le problème. Les boîtes dans lesquelles je pourrais travailler ont peur de trop payer, parce que oui, mon niveau d'études et mon expérience me permettent d'envisager un salaire de 3000€ par mois. Bien sûr, en bon pantin dépassé par la situation, je précise bien que je suis prête à être moins payée. Mais on me réplique que je vais m'ennuyer, et qu'au bout de 6 mois je vais soit disant partir. Par conséquent, embaucher quelqu'un de moins compétent représente moins de risques.

Quitter la France pour espérer mieux ?

Mais où va-t-on ? Hormis le fait que tout ça est révoltant, où va la France ? Puisque la seule solution qui reste aux jeunes – et tout le monde est en accord avec ce point – est la fuite. Partir de ce beau pays pour qui nous sommes désormais inutiles voire même pesants car sans emploi et assistés. Mais au final, même si notre désir d'ailleurs est souvent très fort, n'est-il pas révoltant de s'entendre dire qu'il faut déserter le lieu où on vit pour espérer mieux ? De tout quitter, tout recommencer, afin d'obtenir cette utopie qu'est l'emploi bien rémunéré ? Oui, ça l'est. Mais que faire à part se révolter ?

Avec Pôle Emploi "bonjour le fiasco"

Chez Pôle Emploi, j'ai bénéficié de ce que l'on appelle un « suivi personnalisé ». A savoir un suivi particulier permettant « de faciliter et d’accélérer [le] retour à l’emploi dans les meilleures conditions, le demandeur d’emploi est orienté et accompagné dans sa recherche d’emploi par les services de Pôle emploi ». En théorie, c'est une initiative intéressante. En pratique, bonjour le fiasco.
Ma première conseillère, au demeurant très sympathique, n'a pu en trois mois de suivi qu'enfoncer le clou : « Mademoiselle, avec un profil tel que le vôtre, c'est un comble que vous ne trouviez pas de travail » Oui, merci. Je sais. Ou encore « Vous avez un profil atypique, je ne peux rien faire pour vous ». Ah !
Par profil atypique, entendez grosso modo communication politique et culturelle.

Donc je me lève à 7h, paie un ticket de métro aller, paie un ticket de métro retour (c'est bien connu les chômeurs ont de l'argent à gaspiller) pour m'entendre dire que Pôle Emploi ne peut rien pour moi. Mon second conseiller, c'est bien simple, je ne l'ai jamais vu. Après lui avoir envoyé deux mails concernant deux offres d'emploi et n'avoir JAMAIS reçu de réponse, j'ai compris que Pôle Emploi, n'est clairement pas fait pour moi, et apparemment pour beaucoup d'entre nous.

Le constat n'est guère encourageant, encore moins porteur d’espoir, mais voilà, autant se confronter à la réalité toute nue : j'ai le sentiment que la France ne veut plus de nous.

Mais si nous partons, voudrons-nous à nouveau d'elle un jour ?

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