À l'adolescence, le recours à la pilule n'est pas toujours lié à un besoin d'obtenir une contraception. Les jeunes filles sont nombreuses à se faire prescrire des pilules anti acné, réputées très efficaces. La star des cours de lycée depuis une vingtaine d'années s'appelle Diane 35, et son efficacité controversée revient sur la table à l'occasion de la polémique sur les pilules de troisième génération.
D'après une enquête parue dans l'édition du 6 janvier du JDD, plusieurs médecins s'interrogeraient sur le statut très particulier de Diane 35 dans le catalogue des contraceptifs. Précisément parce qu'elle n'y figure pas. Selon son autorisation de mise sur le marché (AMM), ce médicament lancé en 1982 par Bayer sous le nom Diane est un traitement contre l'acné. En vertu de ses propriétés contraceptives, il a été massivement prescrit par les praticiens, résolvant ainsi deux préoccupations adolescentes. Astucieux, mais cette confusion des genres ne serait pas sans danger.
Désormais disponible sous forme de génériques (Holgyème, Lumalia, Minerva), Diane 35 contient en effet de la progestérone –l'un des composants principaux des contraceptifs-, qui bloque l'ovulation, d'où son effet contraceptif. Mais du fait des effets secondaires importants de ce médicament, il est recommandé de ne pas l'utiliser trop longtemps, et de changer de pilule dès que le problème d'acné est résolu, réflexe que n'ont pas la plupart des jeunes femmes, qui préfèrent souvent garder une pilule à laquelle elles sont habituées. Or ces pilules présentent quasiment les mêmes facteurs de risques thrombo-emboliques que les pilules de troisième génération : le risque de souffrir d'une phlébite et d'une embolie pulmonaire et multiplié par trois chez les femmes qui utilisent Diane 35. « Il ne faut pas la prescrire en premier comme on l'a fait à tort avec celles de troisième génération mais privilégier une de deuxième génération, et la réserver à des cas très particuliers », précise Jacqueline Conard dans le JDD.
Par rapport aux pilules de 3e génération, mises en cause depuis la plainte déposée par Marion Larat, qui accuse sa pilule, Meliane, d'être la cause d'un AVC qui l'a laissée paralysée à 65%, Diane 35 se trouve d'autant plus décriée que son efficacité contraceptive ne serait pas démontrée formellement. Elle n'a, de fait, jamais été remboursée.
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