"En 2019, 836 femmes ont fait un don d'ovocytes, 2 100 tentatives d'AMP (assistance médicale à la procréation, ndlr) ont été faites à partir d'ovocytes issus de dons pour des couples receveurs et 409 enfants sont nés suite à un don d'ovocytes."
Ces chiffres sont énoncés par Tsippora dans le dernier épisode de son podcast intitulé Tant que je serai noire. Une création qui rend hommage à l'ouvrage éponyme de Maya Angelou, où l'instigatrice décortique les expériences autour de la maternité des femmes noires, et plus particulièrement, aborde le non-désir d'enfants que certaines ressentent.
Chaque mois, l'une d'elles vient confier son vécu au micro. Cette fois, c'est au tour de Diane, trentenaire issue d'une fratrie de 4 enfants, d'évoquer un sujet que l'on ne retrouve que très rarement dans les médias : le don d'ovocytes et les inégalités auxquelles, là encore, sont confrontées les femmes noires. Une écoute à ne pas louper.
"Les dons d'ovocytes progressent mais ils restent cependant encore insuffisants pour répondre à la demande des nombreuses personnes concernées", constate Tsippora en guise d'introduction. "De ce fait, les délais pour accéder au don d'ovocytes peuvent atteindre plusieurs mois." Et d'ajouter : "Ces délais sont encore plus longs pour les femmes noires."
Quand elle prend conscience de cette réalité, Diane est en pleine réflexion sur son propre non-désir d'enfant - elle a fini de lire Sorcières de Mona Chollet, un essai qui lui a ouvert les yeux sur ce sujet si intime. Sa première réaction : l'injustice. "J'ai vu que les femmes noires attendaient beaucoup plus longtemps pour avoir un don que les femmes blanches", se souvient-elle. "Et j'ai trouvé ça injuste." Elle poursuit : "C'est tellement dur pour une femme de renoncer à la maternité ou en tout cas, que ça soit tout un parcours".
Alors, elle décide d'agir : "j'ai [eu] envie d'aider, d'aider une femme inconnue, deux ou peut être trois en fonction du nombre d'ovocytes que je pouvais produire." Diane décrit la marche à suivre en espérant qu'elle convainque : un rendez-vous d'information et de consentement, un bilan gynécologique, une série d'examens pour détecter la présence d'éventuels virus, un rendez-vous avec un·e psychologue, puis les injections d'hormones sur douze jours, qu'elle a choisi de réaliser seule suite à une formation de deux heures.
A noter que pendant qu'elle effectue les premières démarches, son compagnon, également childfree, est lui aussi présent dans la clinique : il procède à une vasectomie pour que Diane n'ait plus à supporter la charge de la contraception.
S'en suit la ponction, 36 heures après une injection de déclenchement. Diane a choisi de la réaliser sous anesthésie locale, pour "voir" et "sentir" la procédure. Une symbolique qui lui tient à coeur. "J'ai ressenti une espèce de petite douleur, mais vraiment comme une crampe quand on a ses règles. C'est vraiment rien d'insurmontable."
Elle raconte encore : "J'étais hyper émue. Je pensais beaucoup à ces femmes-là. J'étais contente que ça se soit bien passée jusqu'au bout, c'était des larmes de joie, de fierté, de me dire : 'ça y est c'est fait, j'ai réussi'", se félicite-t-elle. "Le lendemain, j'ai eu comme des douleurs de règles, une sensation de ballonnements", décrit la jeune femme. "Ça a duré deux jours et lundi, je suis retournée travailler".
Et de conclure : "C'était fini." Pour une autre famille en revanche, c'était certainement le début d'une nouvelle chance.
Tant que je serai noire, disponible sur toutes les plateformes d'écoute.
Episode réalisé en collaboration avec l'Agence de la biomédecine, toutes les infos sont à retrouver sur www.dondovocytes.fr