Si en Europe, la culture des boys et girls bands s'est un peu calmée (bien que les groupes anglais continuent de cartonner, à l'instar des One Direction et des Little Mix), au Japon, la mode fait toujours fureur.
Les girls bands ne sont pas uniquement composés de quatre ou cinq filles et vont parfois jusqu'à cumuler une vingtaine de membres. C'est le cas par exemple du groupe AKB48, qui comptait à sa création vingt membres, toutes féminines. On les appelle "idoles" et elles sont ultra-populaires auprès des jeunes japonaises et de tous les amateurs de J-Pop (la pop japonaise) dans le monde entier.
Pour contrer cette invasion de jeunes filles en fleurs, un groupe de trente femmes s'est créé sous le nom de KBG84 (une référence aux AKB48). 84 ans, c'est leur âge moyen - les membres sont toutes octo ou nonagénaires, originaires de l'île de Kohama. La plus âgée d'entre elles a 97 ans, mais ça ne l'empêche pas de faire le show sur scène. Loin d'être une blague, le groupe vient d'enregistrer son premier album et de finaliser une tournée à guichets fermés au Japon. Un succès qui étonne et ravit ses membres.
Interrogée par l'AFP, Tomi Menaka, l'une des membres de 92 ans avoue être circonspecte :
"Quand j'ai entendu quelqu'un nous qualifier d'idoles pour la première fois, j'ai cru qu'une idole était quelqu'un qui avait vécu une longue vie et qui était aux portes du paradis. Mais à Tokyo, ils m'ont dit que le terme désignait un artiste - ce qui m'a soulagée parce que je me croyais déjà en route pour le paradis. Je n'étais jamais allée à Tokyo ou à Osaka. Je voulais y aller avant d'aller au paradis."
Une autre membre, Menaka, n'hésite pas à larguer sa canne sur scène pour danser joyeusement et oublier son handicap.
"Je n'ai jamais été aussi heureuse que lorsqu'on se produit sur scène", confie-t-elle. "Quand on est allées à Tokyo pour la première fois, je me suis dit que j'avais de la chance d'être née. J'ai pu rencontrer mes petits-enfants. Je ne l'oublierai jamais, j'étais émue aux larmes."
Difficile en lisant ces citations de douter des bienfaits d'une telle formation commerciale. Et leur public le leur rend bien, comme le confirme Hideko Kedamori, 86 ans.
"On s'est senties comme des stars à Tokyo. Tout le monde dans le public avait un grand sourire, et ça nous a donné l'énergie de chanter. Notre naissance sur l'île de Kohama est une bénédiction. Nos paroles parlent de l'île et de la nature, les baleines qui jaillissent dans la mer ou les dauphins qui font des sauts périlleux."
Leur premier single, Come On and Dance, Komaha Island, a remporté un franc succès - et à en croire le clip, les membres de KBG84 ont l'air de prendre vraiment plaisir à jouer le jeu des idoles.
Cet amour pour leur île de Kohama semble justifié, puisqu'en plus d'être extrêmement belle, ses habitants font partie de ceux qui ont l'espérance de vie la plus longue - leur régime étant plus léger que ceux qui habitent dans les terres et se composant de plus de légumes et de moins de sucre.
En plus du chant, les membres de KBG84 n'hésitent pas à se lancer dans des chorégraphies synchronisées, prouvant que la vie peut être vraiment belle après 80 ans et que l'âge n'est qu'un nombre.
Y a pas à dire, ça donne de l'espoir aux générations à venir qui craignent de vieillir et de voir leur vie s'arrêter après la ménopause. A quand un premier girls band senior en France ?