"Le 'test de virginité' n'a aucun fondement scientifique ou clinique. Aucun examen ne peut prouver qu'une fille ou une femme a eu des rapports sexuels - et l'apparence de l'hymen d'une fille ou d'une femme ne peut prouver si elle a eu des rapports sexuels". Ces mots de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) datent de 2018 et pourtant, ils sont toujours autant d'actualité. Il y a trois ans, l'OMS condamnait les tests de virginité, mais ces pratiques se perpétuent encore, notamment auprès des recrues féminines de l'armée indonésienne.
Et justement, le chef d'État major des armées d'Indonésie a annoncé ce 13 août la fin imminente de ces tests. Une bonne nouvelle : comme le rapporte RFI, cela faisait depuis 1965 que les membres féminines des forces armées subissaient ces examens bien trop banalisés, au même titre qu'un test de vision. Un examen humiliant, et profondément inscrit dans la culture indonésienne. "En Indonésie, hymen se dit 'selaput dara', ce qui veut littéralement dire 'membrane virginale'", analyse auprès de RFI Andreas Harsono, à la tête de l'ONG Human Rights Watch en Indonésie.
Une pratique patriarcale archaïque au possible donc, d'autant plus qu'elle consiste en "un examen douloureux, humiliant et traumatisant, qui perpétue un climat de peur et d'intimidation et empêche les femmes d'exercer leurs droits", pour reprendre les mots de l'OMS. Raison de plus pour l'interdire au plus vite.
"Depuis plusieurs années des filles de militaires, sur Instagram et ailleurs, dénoncent cela, l'une d'elle est d'ailleurs à l'origine de la pétition adressée au président de la République d'Indonésie Joko Widodo pour que cette pratique cesse. Certains médecins militaires sont opposés aux tests. Les femmes de militaire disent parfois à leurs époux : 'Cela doit cesser' en connaissance de cause, puisque ces soi-disant tests peuvent les concerner", témoigne auprès de la radio Andreas Harsono. Une mobilisation globale donc, qui devrait aboutir à une interdiction légale au sein des armées, bien que l'armée de l'air et la marine n'aient pas encore abordé cette actualité.
Les tests ou certificats de virginité constituent une pratique que de plus en plus de gouvernements fustigent. En France également, Marlène Schiappa s'était exprimée à ce sujet : "Nous voulons interdire les certificats de virginité avec Gérald Darmanin. C'est une pratique ignoble et indigne".
Plus qu'un "test" humiliant, c'est un véritable marché que peuvent masquer ces pratiques. Ainsi au Royaume-Uni, le business morbide des "réparateurs de virginité" est très lucratif : des médecins sont rémunérés pour "réparer" l'hymen de jeunes patientes avant que celles-ci ne passent des examens médicaux souhaités par leurs parents. Une situation inquiétante.