Tenue trop courte, pas assez attrayante, trop longue... Même sur le terrain, les femmes n'échappent pas aux carcans patriarcaux qui font peser sur leurs corps un contrôle oppressant. Après le scandale qu'ont dénoncé les beach handballeuses norvégiennes, sanctionnées pour avoir porté un short au lieu d'un bikini lors d'un match, c'est au tour de la para-athlète Olivia Breen de s'élever contre des règles sexistes et arbitraires.
Lors du championnat d'Angleterre, en juillet dernier, la sprinteuse et sauteuse galloise s'est ainsi vu critiquée la culotte qu'elle portait par une arbitre, la jugeant "trop courte et inappropriée" et lui conseillant vivement "d'acheter un short". La double championne du monde avait alors rétorqué : "C'est une blague ?", son interlocutrice n'avait pas bougé : "Non, je pense que vous devriez vraiment acheter un short."
Sur Twitter, quelque heures après l'altercation, la sportive lâchait, indignée : "J'étais sans voix. Je porte le même style de culottes de course depuis des années et elles ont été spécifiquement conçues pour la compétition". Puis poursuit, connaissant certainement déjà la réponse : "cela m'a amenée à me demander si un concurrent masculin sera critiqué de la même manière. [...] Les femmes ne devraient pas avoir à se sentir gênées par ce qu'elles portent lorsqu'elles participent à des compétitions, mais devraient se sentir à l'aise."
Afin d'exprimer sa colère et de lutter contre l'injustice à laquelle elle a été confrontée, Olivia Breen ne pliera pas. "Je vais porter ma culotte à Tokyo", lance-t-elle fièrement dans une interview pour Brut, alors que les Jeux paralympiques ont débuté ce 24 août. "On doit pouvoir concourir dans des vêtements dans lesquels on se sent à l'aise et en confiance. Personne n'a à nous dire ce que l'on peut ou ne peut pas porter !"
Elle explique également avoir réalisé ne pas être la seule à subir ces commentaires discriminants, et à quel point ceux-ci étaient inhérents à la misogynie qui règne au sein de nos sociétés. "Je ne m'étais jamais rendu compte du nombre de femmes à qui on reproche de porter des culottes. Apparemment, des femmes avec de grosses fesses, parce que les athlètes ont un gros fessier. On devrait être fières de notre silhouette, fières de notre corps et pouvoir le montrer. On travaille pour ça."
Et de témoigner d'une sororité nécessaire : "J'ai reçu plein de messages de jeunes filles qui ont rencontré le même problème que moi. Elles m'ont remerciée d'avoir alerté le grand public. Les choses doivent changer, ça ne doit plus se reproduire." En tout cas, c'est justement en élevant la voix et en usant de son influence de cette façon qu'enfin, elles bougeront.