Comme l'énonce une récente enquête initiée par l'application de dating Bumble, 39% des Françaises âgées de 18 à 34 ans auraient déjà été victimes de harcèlement sur la plage. 55 % des jeunes femmes interrogées par l'institut de sondage affirment même... avoir trop peur de se rendre à la plage seule. Une plage où, dixit l'Ifop, des pratiques comme le topless sont bien moins employées par les femmes, "par crainte d'attiser le désir des hommes et d'être l'objet d'agressions physiques ou sexuelles", déplorait déjà cette recherche de 2019.
"Un signe que la pression sexuelle qui s'exerce toute l'année sur les femmes continue en été", pointait alors du doigt François Kraus, le directeur du pôle actualité de l'Ifop. Un état des lieux toujours d'actualité. Et celles qui s'efforcent à s'émanciper de cette sexualisation systématique ne sont pas toujours bien saluées. Exemple ? En juillet dernier, des joueuses Norvégiennes de beach handball se voyaient sanctionnées pour avoir porté un short au lieu d'un bikini, lors d'un match contre l'Espagne. Résultat ? Une amende de 1 500 euros décochée par la Fédération européenne de handball.
Il faut dire que du côté des sports de plage aussi, le sexisme perdure. C'est en tout cas ce que démontre une accablante enquête du Huffington Post. "En jouant, j'ai déjà entendu pas mal de commentaires sur les formes de mes amies, que ce soit sur leurs fesses ou leurs seins. Dans notre sport, comme dans beaucoup d'autres, certains joueurs hommes dénigrent les joueuses femmes et pensent que nous avons un public seulement parce que nous sommes en petite tenue", y témoigne notamment Pauline Bourdet, une joueuse de beach tennis.
Et ce n'est pas tout.
"Ils estiment que parce que l'on est des femmes, on ne sait pas jouer, et que l'on ne sait que montrer nos formes. Les femmes aussi nous jugent, soit par jalousie, soit parce qu'elles sont conditionnées par la pensée masculine. Quand j'étais plus jeune, avec moins d'expérience, je me posais plusieurs questions avant les tournois: est-ce que je suis bien épilée, est-ce que je ressemble à quelque chose dans la glace, est-ce que je suis potable...", poursuit la sportive professionnelle. Remarques humiliantes, regards déplacés, injonctions, pressions diverses... Loin de l'insouciance de l'été, bien des discriminations se déploient sur les terrains sablés des sports de plage.
Une réalité appuyée par Aline Chamereau, joueuse Française de beach volley. Au Huff toujours, la sportive évoque quant à elle ce qu'elle observe sur ses réseaux sociaux : "On peut recevoir des messages de type 't'es bonne' sur Instagram. Ce qui est dérangeant, c'est que l'on mette une photo professionnelle en situation de match, et les commentaires que l'on va avoir seront en rapport à notre corps, on est sexuées, ou alors on se prend des remarques sexistes. Quelque part, mon sport veut que je montre mon corps, donc c'est difficile à gérer".
Il n'est donc pas rare que les commentaires les moins subtils du public, ou des joueurs masculins, se déclinent sur la Toile. Il faut croire que le sexisme n'a pas de frontières. "Certaines m'ont déjà dit: 'Tu vas où dans cette tenue ?' ou 'ton maillot de bain est super court'. Le beach volley est très propice aux regards sur les femmes. J'ai déjà eu affaire à des regards insistants, surtout en maillot de bain. On le sait, ça fait partie du folklore de ce sport-là. C'est très médiatisé parce que les nanas sont en bikini", déplore à l'unisson Marion Bernard, joueuse de beach volley. Cette dernière, elle aussi, a fait l'objet de remarques virulentes... Du côté de son public féminin.
Un état des lieux glacial, loin des chaleurs caniculaires.