Il y a deux ans de cela, l'Ifop tirait la sonnette d'alarme. Selon une étude de l'Institut de sondage, seules 22 % des Françaises osaient encore bronzer topless sur les plages, la majorité des femmes de moins de 25 ans interrogées se couvrant la poitrine "par crainte d'attiser le désir des hommes et d'être l'objet d'agressions physiques ou sexuelles", nous disait-on. En somme, harcèlement et agression sexuelle représentaient dès lors de véritables craintes. Oui, même un tel lieu. Une réalité bien trop ignorée.
Et c'est pour cela l'application de rencontres Bumble a décidé de relancer un sondage dédié au sujet. Réalisé par YouGov, il délivre de nouveaux chiffes, tout aussi accablants hélas. Parmi ceux-ci ? 39. C'est le pourcentage femmes âgées de 18 à 34 ans qui ont déjà été victimes de harcèlement sur la plage. Cela va de la remarque du relou typique à l'insulte sexiste pure et dure. Pire encore, 55 % des jeunes femmes interrogées par l'institut de sondage affirment... avoir trop peur de se rendre à la plage seule. Plus d'une femme sur deux donc.
Oui, c'est (très) inquiétant. Et cela soulève bien des analyses.
En 2019, François Kraus, le directeur du pôle actualité de l'Ifop, expliquait que les remarques et violences diverses que peuvent subir les femmes sur la plage, ou celles qu'elles peuvent redouter, sont "un signe que la pression sexuelle qui s'exerce toute l'année sur les femmes continue en été". Un constat lucide. Auquel fait aujourd'hui écho celui de Héloïse Duché, la fondatrice de l'association Stop harcèlement de rue. Au pureplayer Slate.fr, celle-ci explique : "Les plages sont des lieux de rencontre et de socialisation, au même titre que les bars ou les festivals. Comme c'est un endroit où l'on est statique, les chances d'être harcelée sont importantes".
Parler de harcèlement sur la plage revient donc à parler du harcèlement dans l'espace public. Comme le harcèlement dans les transports, on se doute donc aisément que celui-ci est loin d'être rare. A cela, il faut encore ajouter cette crainte considérable d'être seule sur la plage, un lieu naturel volontiers vaste, sans recours. "Le sentiment d'insécurité a un fort impact sur la manière dont les femmes appréhendent leurs loisirs. Le harcèlement entraîne un cercle vicieux: moins il y a de femmes dans un espace public, moins il est sécurisant. Il faut impérativement agir pour préserver la mixité dans ces lieux", observe encore Laetitia César-Franquet, sociologue au Centre Emile Durkheim, à Slate.fr.
Sécurité de toutes, impunité des agresseurs, banalisation des violences, isolement des victimes, égalité des sexes... Bien des enjeux ponctuent nos plages à chaque été, et le rappeler n'est jamais de trop.