Dans un monde où le patriarcat règne, quand une femme sort pour faire son jogging, elle n'est pas sûre de revenir en vie. Ce monde, c'est le notre. En France, le procès dont tout le monde parle depuis désormais 11 semaines c'est celui des viols de Mazan, aussi appelé affaire Pélicot. Comme on vous l'annonçait hier dans cet article, les réquisitions de peine à l'encontre des 51 accusés ont été prononcées et 20 ans de prison ont été requis contre Dominique Pélicot. Outre-Atlantique, c'est le procès du tueur de Laken Riley qui secoue les Américains en ce moment, et plus particulièrement les Américaines.
Laken Riley était une étudiante en infirmerie de 22 ans. Le 22 février, peu avant 9 heures, elle est sortie courir dans le campus de son université située en Géorgie, aux États-Unis. Juste avant de sortir, la jeune femme a envoyé un message à sa mère, lui proposant de s'appeler. "Bonjour, je suis sur le point de partir courir si tu es disponible pour parler", lui a-t-elle envoyé avant d'essayer de l'appeler. Mais cette dernière n'a pu répondre à la proposition de sa fille que 25 minutes plus tard. Et il était déjà trop tard.
À 12h, les colocataires de Laken, inquiètes, tout comme sa mère, de ne pas avoir de réponse de leur amie, ont alerté la police du campus. C'est grâce à la montre connectée de la jeune femme que son corps a été retrouvé dans une zone boisée du campus. L’autopsie a monté que l'étudiante est morte d’un traumatisme crânien contondant et d’asphyxie, mais d'autres éléments prouvent que son meurtrier a d'abord tenté de l'agresser sexuellement.
Le 15 novembre, grâce des traces ADN et des caméras de surveillance, son meurtrier, José Ibarra, 26 ans, a été arrêté. Le 20 novembre, il a été condamné à la prison à vie, soit 20 ans, sans possibilité de liberté conditionnelle.
Face à la mort de Laken, les Américaines, effrayées mais aussi indignées, se mobilisent. Comme dans cette vidéo, publiée sur Tiktok il y a 3 jours par une joggeuse nommée Leah. "Laken Riley a tout bien fait. Elle s'est battue pour sauver sa vie pendant 17 minutes", est-il écrit sur cette vidéo où la jeune femme se montre entrain de courir.
Elle dit "tout bien fait" car avant de mourir, l'étudiante a en effet pris toutes les précautions possibles. Elle a choisi de courir sur son campus, a tenté d'être en ligne avec quelqu'un pendant son jogging, mais il a également été prouvé qu'elle avait tenté d'appeler la police peu avant de mourir. Sa montre connectée permettait également à ses amis de savoir où elle se trouvait. Autant de précautions que les femmes ne devraient pas avoir à prendre avant de sortir de chez elles.
Puisqu'il s'avère impossible de pouvoir faire son jogging en paix, Leah lance un appel aux femmes vivant à Washington D.C, comme elle. "Si vous voulez courir avec quelqu'un, je courrai avec vous, écrit-elle. On peut se ramener les unes les autres à la maison." Plus loins dans la vidéo elle écrit également : "Personne ne devrait avoir a ressentir ce genre de peur."
La difficulté à circuler dans l'espace publique sans subir le harcèlement de rue ou pire, d'être agressée, décourage beaucoup de femmes d'exercer leur sport dans la rue. En France, pour permettre aux femmes de se sentir plus en sécurité, l'association Sine Qua Non organise des sessions pour courir en extérieur, parfois en non mixité. Une manière de se réapproprier l'espace publique en attendant que la société éduque les hommes à se comporter autrement que comme des prédateurs.