Si en France, une enquête menée en 2015 a révélé que 100% des usagères des transports en commun ont déjà été victimes de harcèlement sexuel dans les transports, il est parfois difficile de savoir ce que les hommes perçoivent ou non comme une agression sexiste. Voient-ils les femmes qui se font importuner dans les transports en commun ? Leur portent-ils volontiers secours ?
Ont-ils seulement conscience des regards concupiscents, des gestes déplacés et des paroles obscènes qui ponctuent les trajets quotidiens des femmes dans le métro, le train, le bus ? Rien n'est moins sûr.
Pour les mettre face à cette réalité que constitue le harcèlement sexuel dans les transports en commun, le métro de Mexico a abrité une expérience pour le moins dérangeante. Intitulée "Expermiento Asiento" (L'expérience du siège), elle a surpris les voyageurs en installant dans une rame d'un de ses métros un siège moulé aux formes de l'anatomie masculine. Aucun détail n'a été oublié : tétons, nombril et pénis façonnent ce siège, où s'assoient malgré eux des voyageurs inattentifs. Leur réaction a été filmée : à peine installés, on les voit se relever, mal à l'aise. Un homme tente tout de même de s'asseoir en plaçant sa veste sur le siège en guise de barrière, avant de renoncer et de se remettre sur ses pieds.
"C'est désagréable de s'asseoir ici mais ce n'est rien comparé à la violence sexuelle que les femmes endurent dans leur vie quotidienne", peut-on lire sur un écriteau affiché sous ledit siège.
Autre expérience, autre vidéo. Cette fois-ci, c'est sur le quai du métro de Mexico que cela se passe. Intitulée "Experimento Pantallas" (l'expérience des écrans), elle consiste à projeter sur des écrans les postérieurs des hommes attendant patiemment le métro. L'objectif est encore une fois explicite : sensibiliser les hommes au harcèlement sexiste en les plaçant pour une fois dans le rôle des victimes, de ceux dont on lorgne sans vergogne la silhouette. "Neuf femmes sur dix ont déjà été victimes à Mexico de violence sexuelle", affichent ensuite les écrans.
Si Konbini rappelle que l'auteur de cette campagne n'est pour le moment pas connu, ses vidéos ont eu le mérite d'interpeller les internautes. Sur YouTube, où elles ont fait leur apparition il y a une semaine, les commentaires fleurissent pour saluer la démarche de l'auteur ou au contraire pour en souligner les biais. Certain.e.s arguent ainsi que répondre au harcèlement sexuel en harcelant les hommes n'est certainement pas la meilleure des solutions pour les sensibiliser.